Epinal: prison ferme requise contre les médecins et le radiophysicien

Les docteurs Michel Aubertel et Jean-François Sztermer, au palais de justice de Paris. - -
Des peines de 18 mois de prison ferme ont été requises mardi contre les deux anciens médecins de l'hôpital d'Epinal mardi au procès du plus grave accident de radiothérapie recensé en France. Le ministère public a également requis un an de prison ferme à l'encontre de leur collègue radiophysicien.
Entre 2001 et 2006, près de 450 patients traités pour des cancers de la prostate à l'hôpital d'Epinal, dans les Vosges, avaient été victimes de surdoses de radiation causées par deux dysfonctionnements distincts de la radiothérapie.
Trois praticiens hospitaliers comparaissent depuis le 24 septembre dernier devant le tribunal correctionnel de Paris.
Une « négligence inadmissible »
Les deux vice-procureurs Marie-Odile Dejust et Dominique Perard ont mis en exergue la responsabilité du radiophysicien Joshua Anah, chargé du paramétrage des appareils, coupable à leurs yeux par sa « négligence inadmissible » d'homicides et de blessures involontaires, non-assistance à personne à danger, et destruction de preuves.
Trois ans de prison, dont un an ferme, et une interdiction d'exercer la radiophysique médicale ont été réclamés à son encontre.
En ce qui concerne les docteurs Michel Aubertel et Jean-François Sztermer, les deux anciens radiothérapeutes d'Epinal, le parquet n'a retenu que les infractions de non-assistance à personne à danger et destruction de preuves pour le suivi défaillant de leurs patients.
Une « volonté de cacher la vérité »
En revanche, les magistrats du parquet ont prononcé une charge très sévère contre « la volonté de cacher la vérité » aux victimes. Finalement les réquisitions à l'encontre des deux radiothérapeutes sont tout aussi lourdes: quatre ans de prison dont 18 mois ferme et une interdiction d'exercer.
30 000 euros d'amende ont été également été requis contre les trois prévenus.
Enfin, des condamnations de 12 mois avec sursis ont été réclamées contre deux autres prévenus jugés pour non-assistance à personne en danger: Francette Meynard, ex-directrice de la Ddass des Vosges, et Jacques Sans, ancien directeur de l'Agence régionale d'hospitalisation de Lorraine.
A l'inverse, la relaxe a été requise pour Dominique Cappelli, l'ancienne directrice de l'hôpital dont le parquet a salué « la réactivité » face à l'accident, et pour l'établissement lui-même, jugé au titre de personne morale.
Le procès s'achèvera lundi, puis le jugement sera mis en délibéré.