BFMTV
Police-Justice

Enlèvement du fondateur de Ledger: l'opération de sauvetage à haut risque de David Balland et de sa compagne

placeholder video
Enlevés mardi matin, le fondateur de la société Ledger, spécialisée dans la conception de portefeuilles physiques de cryptomonnaies, et sa compagne ont tous deux été libérés après plusieurs heures de séquestration. Retour sur cette opération "proche de la perfection" selon le GIGN.

Une traque hors norme qui aura duré 48 heures. Le cofondateur de Ledger, David Balland, et sa compagne ont été libérés par des forces du GIGN ce mercredi 24 janvier et jeudi 25 janvier après avoir été détenus pendant plusieurs heures.

Tout commence le mardi tôt le matin, le couple est enlevé à son domicile de Méreau dans le département du Cher. Peu de temps après, les ravisseurs entrent rapidement en contact avec l'autre cofondateur de la société Ledger et lui demandent une rançon, une somme estimée à 10 millions d'euros en cryptomonnaie, selon une source proche de l'enquête.

La procureure de la République a expliqué qu'une rançon a bien été versée dans le cadre des négociations mais que "la presque totalité de ces cryptomonnaies a été tracée, gelée et saisie". Les gendarmes sont prévenus dans la foulée et le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) "se porte en appui" quelques heures après dans le département.

"Nous recevons l'alerte mardi en début d'après-midi de la gendarmerie locale", raconte le colonel Yannick, chef des opérations au GIGN, à BFMTV.

Deux vidéos envoyées après leur enlèvement

Ce dernier déclare avoir d'abord avec ses équipes une "vision floue" de la situation. Ils ne disposent que de quelques informations: l'enlèvement de deux personnes et la diffusion d'une vidéo par les ravisseurs. Celle-ci montre le couple ligoté et kidnappé, au tout début des faits. La deuxième vidéo, envoyée peu de temps après, montre la mutilation de David Balland, dont le petit doigt a été sectionné, a appris BFMTV de source proche de l'enquête.

"On n'avait pas besoin de ce message pour prendre la situation au sérieux, mais on comprend qu'ils sont déterminés et qu'ils iront jusqu'au bout", explique le colonel Yannick.

Le couple séquestré est vite séparé, et amené en deux endroits distincts, selon nos informations, et ont vraisemblablement été séquestrés dans plusieurs endroits, notamment dans le Loir-et-Cher.

Les ravisseurs "pris au dépourvu"

Plus de 200 gendarmes sont mobilisés au total dans cette affaire dont 90 membres du GIGN, projetés sur plusieurs sites en l'espace de 48 heures. Ces derniers cherchent alors des renseignements et recoupe des informations qui leur permettent de se rendre sur plusieurs adresses.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des policiers de la BAC de Bourges repèrent une voiture, la vérification de l'immatriculation démontre qu'elle a été volée. Ils interpellent l'homme au volant. En garde à vue, ils comprennent qu'il y a un lien avec l'énorme affaire qui occupe à ce moment-là la gendarmerie, récoltent des renseignements et transmettent tout aux enquêteurs, ce qui leur permet de recouper des éléments de localisation des otages.

Ces informations leur permettent d'identifier le lieu où le cofondateur de Ledger est retenu. Un lieu rural, isolé, situé à proximité de Châteauroux, selon une source proche de l'enquête.

Le GIGN déclenche alors cette intervention avec une vingtaine d'effectifs "quasiment 24 heures après avoir été sollicité" et "avec un maximum d'effet de surprise" qui permet au GIGN d'arrêter "en souplesse" deux hommes qui montent la garde. Le GIGN les interpelle sans ouvrir le feu puis tombe également sur une femme, qu'ils interpellent

"Ils sont pris au dépourvu quand nous arrivons sur ce domicile. Nous arrivons à libérer monsieur Balland sain et sauf et arrêter ses ravisseurs", détaille le colonel Yannick.
Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Zacharie Legros vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Rançon, ligotage, mutilation... l’incroyable kidnapping d’un patron de cryptomonnaie
14:53

Deux interventions "proches de la perfection"

L'entrepreneur est "ligoté et choqué" lorsque les forces du GIGN le trouvent, seul. Mutilé à la main, il est transporté à l'hôpital. Les opérations se poursuivent alors pour retruver la compagne de David Balland et ont lieu dans plusieurs domiciles à Vierzon (Cher). Des filatures et des auditions sont notamment menées, les ravisseurs de David Balland ayant laissé des "indices", selon le colonel Yannick. Les gendarmes procèdent aussi à des surveillances de téléphones, de voiture.

Jeudi après-midi, un véhicule est identifié et localisé à l'arrêt sur un parking à Étampes (Essonne). "Nous prenons le parti de mener un assaut et ce parti pris est le bon puisqu'on tombe à l'arrière du véhicule sur la compagne de David Balland et ses ravisseurs", raconte le colonel Yannick. "Les ravisseurs ne nous ont pas vus arriver".

Deuxième assaut, deuxième succès: les ravisseurs, au nombre de six cette fois, seront interpellés, là encore sans ouverture de feu.

"On était très proches de la perfection (...) S'il avait fallu que ça dure plus longtemps ou mobiliser plus de monde, nous aurions été capables de le faire", assure le colonel Yannick auprès de BFMTV, précisant que "l'enquête se poursuit".

Sept personnes présentées devant le juge

Selon la colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale, David Balland et sa compagne sont "toujours pris en charge au niveau médical". "Ensuite on pourra procéder aux auditions et avoir plus d'éléments pour la suite des investigations", a-t-elle ajouté sur BFMTV.

Une information judiciaire a été ouverte pour arrestation, enlèvement, séquestration, extorsion en bande organisée, blanchiment, association de malfaiteurs et recel de bien provenant d'un vol.

Les 10 personnes interpellées, âgées entre 20 et 40 ans, sont connues des services de polices pour "des infractions de droit communs" dit la procureure. Elles viennent de villes différentes et ont des profils de "jobbers", des personnes recrutées ponctuellement pour des actes criminels. Sept d'entre elles sont en train d'être présentées à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.

Le service police justice avec Hugues Garnier