Convoqué par la police pour avoir aidé une migrante sur le point d'accoucher

Benoît Ducos a été convoqué par la police pour être venu en aide à une migrante enceinte - RMC
Il lui est reproché d'être venu en aide à des migrants, dont deux enfants et une femme enceinte sur le point d'accoucher. Un ancien pisteur-secouriste a été auditionné ce mercredi matin à la police aux frontières de Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes, pour avoir transporté des personnes en situation irrégulière.
"Elle était à huit mois et demi de grossesse"
Dans la nuit de samedi à dimanche, Benoît Ducos effectue une maraude à la frontière italienne, sur le col enneigé de Montgenèvre, entre Gap et Turin. À 21 heures, il tombe sur un groupe de six migrants. Deux hommes et un couple nigérian avec leurs deux enfants âgés de 2 et 4 ans. La femme est enceinte et semble en grande détresse. Comme il le précise au Dauphiné, elle ne peut plus marcher et est portée par deux hommes.
"On a tout de suite vu qu'elle était sur le point d'accoucher", témoigne-t-il sur RMC. "En discutant, on a su qu'elle était à huit mois et demi de grossesse. Donc on a pris la décision d'essayer de descendre le plus rapidement possible à Briançon."
"Impassibles face à cette dame qui se tordait de douleur"
Cet ancien pisteur fait donc monter le petit groupe dans son véhicule et prend la direction de l'hôpital. Mais à l'entrée de Briançon, il est arrêté par un barrage douanier. Il est alors peu après 22 heures. Commence alors, selon Benoît Ducos, une longue attente. Les policiers auraient "tergiversé" pour savoir s'il fallait appeler les pompiers, indique-t-il au quotidien régional.
"J'estime à plus d'une heure le temps d'attente. À 23h04, j'ai envoyé un SMS à mon fils pour le rassurer, que j'étais toujours bloqué. Les pompiers ne sont pas arrivés tout de suite après. Ils étaient impassibles face à cette situation, à cette dame qui se tordait de douleur dans la voiture. C'était complètement surréaliste", raconte-t-il.
"J'ai fait ce que j'avais à faire"
"On a frôlé l'accident grave", déplore-t-il dans L'Express. La femme accouchera par césarienne dans la nuit à l'hôpital de Briançon d'un petit Daniel. Son mari et ses deux autres enfants seront finalement autorisés à la rejoindre sur demande du personnel hospitalier. Benoît Ducos, quant à lui, ne regrette rien.
"Moi, j'ai la conscience tranquille, j'ai fait ce que j'avais à faire. Je sais que si je ne l'avais pas fait, cette personne ne serait peut-être plus là aujourd'hui et son bébé non plus."
Dans un communiqué, la préfecture de police des Hautes-Alpes dément la version du pisteur. La prise en charge a été "irréprochable et immédiate", assure la préfète, qui dénonce des accusations "graves et sans aucun fondement". Elle assure que les pompiers sont arrivés quinze minutes après le contrôle du véhicule et que la femme a été conduite à l'hôpital une dizaine de minutes plus tard.