Chute de sept étages d'une famille française en Suisse: ce que l'on sait du drame qui a fait 4 morts

Il est tôt ce jeudi quand la police du Canton de Vaud, en Suisse, reçoit un appel alarmant. Un témoin leur affirme que les corps de cinq personnes gisent sur le bitume, à deux pas du casino de Montreux. Cette commune suisse de 26.000 habitants, bordée par le lac Léman, est réputée pour sa douceur de vivre et son festival de musique. Pas pour les drames qui s'y déroulent.
Sur les cinq personnes retrouvées au sol, toutes de nationalité française, quatre sont mortes. La cinquième, un adolescent de 15 ans, a été héliporté dans un état critique. Ils ont tous chuté du septième étage de leur appartement, et étaient membres de la même famille.
Chute accidentelle ou suicide collectif familial? L'enquête doit le déterminer. Mais les informations qui ont été transmises depuis jeudi matin permettent de retracer une partie du déroulé de ce drame, et mieux comprendre le profil de la famille.
• La police est venue sonner à leur porte peu avant la chute
Dans les heures qui ont suivi la découverte des corps, la police vaudoise a révélé que des policiers s'étaient présentés au domicile de la famille juste avant sa chute. À 6h15 précisément. Les forces de l'ordre avaient en leur possession un mandat d'amener délivré par la préfecture, concernant le père de famille.
En droit français comme en droit suisse, un mandat d'amener est délivré par une autorité pénale, qui demande à la police de venir lui présenter la personne visée par la procédure.
"Les gendarmes, devant la porte, n'ont pas eu de réponse dans un premier temps. Puis une personne leur a demandé qui ils étaient. Ils se sont légitimés, ont indiqué qu'il s'agissait de la police, et après, il n'y a plus eu de réponse. Ils n'étaient pas dans une situation où ils devaient forcer la porte, donc ils ont quitté les lieux. Dans ce genre de situation, ça ne justifie pas de faire une ouverture forcée", a indiqué au micro de la Radio Télé Suisse (RTS) Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale vaudoise.
• Quatre morts et un adolescent dans un état critique
La chute est intervenue juste après l'intervention des forces de l'ordre. Preuve en est, les policiers se trouvaient encore dans l'immeuble quand les sirènes de l'ambulance, alertée par l'appel d'un témoin ayant découvert les corps, ont retenti. Il était 7 heures.
Sur les cinq personnes qui ont chuté, quatre sont mortes. Le père de famille, âgé de 40 ans, sa femme, âgée de 41 ans, la sœur jumelle de cette dernière, ainsi que leur fille âgée de 8. Leur fils, âgé de 15 ans, a survécu mais se trouve dans un état grave. Il a été héliporté.
"J’étais dans ma cuisine, il était presque 7 heures quand j’ai entendu des bruits bizarres et des cris. J’ai vu cinq corps à une dizaine de mètres du bâtiment. Trois d’un côté, deux d’un autre", relate à la Tribune de Genève un voisin.

L'immeuble d'où la famille a chuté se trouve dans un quartier huppé de Montreux, avenue du Casino, au croisement avec la rue Igor-Stravinsky.
Ce n'est qu'en début d'après-midi que les médias ont été informés qu'il s'agissait de ressortissants français.
Ils étaient installés dans la Confédération suisse depuis plusieurs années. Auprès de nos confrères de la Tribune de Genève, les occupants de l'immeuble les ont décrits comme "discrets", même si plusieurs ont relaté des rumeurs d'appartenance à une secte.
"Je les ai vus deux ou trois fois. Ils avaient de la peine à dire bonjour. Mais je n’ai jamais entendu de dispute, et pourtant ce vieux bâtiment est plutôt mal isolé", indique une des personnes interrogées. Toujours selon les voisins, le père travaillait à la maison, habillé en short "été comme hiver".
· Deux sœurs médecins
Les deux sœurs jumelles, âgées de 41 ans, étaient toutes deux médecins, selon les informations du quotidien genevois.
La mère de famille était dentiste. Avant de s'expatrier en Suisse, elle s'était installée à son compte dans le nord-ouest de Paris en 2008. En 2015, le canton suisse de Fribourg lui avait retiré une autorisation de pratiquer, comme l'indique le registre suisse des médecins.
Quant à sa sœur, il s'agissait d'une brillante ophtalmologue, spécialisée dans les maladies inflammatoires de l'œil, comme le révèle Le Parisien. Elle a été cheffe de clinique aux Hôpitaux universitaires de Genève, avant d'intégrer la clinique de l'œil, à Sion. Elle serait depuis installée à Morges, une commune située à une quarantaine de kilomètres de Montreux.
La Tribune de Genève a également constaté que les deux sœurs avaient créé en 2011 une société civile immobilière dans l'agglomération de Paris. À l'adresse indiquée se trouve aujourd'hui une clinique vétérinaire. Contactés, les occupants ont reconnu que les deux sœurs étaient les propriétaires du lieu.
À l'origine du mandat d'amener concernant le père de famille, des doutes relatifs à la scolarisation des deux enfants. Une source policière locale a indiqué à RMC que des anomalies avaient été constatées dans le cursus scolaire des enfants.
La petite fille de 8 ans n'était ainsi inscrite dans aucun parcours scolaire. Son grand-frère était lui scolarisé à domicile. Cela faisait plusieurs mois que les parents n'avaient plus rendus de compte concernant la progression de leur fils, entraînant la procédure pour laquelle les gendarmes se sont rendus au domicile familial jeudi matin.
• Une enquête ouverte
La police précise qu'il est encore trop tôt pour déterminer si la chute relève de causes accidentelles où s'il s'agit d'un geste volontaire. Une enquête a été ouverte, confiée aux enquêteurs de la police de sûreté.
La police a pour l'instant écarté la piste relative à la présence d'une autre personne dans l'appartement au moment du drame. Elle s'attache désormais à dresser le profil de la famille, pour tenter de percer à jour ce drame qui a fait quatre morts.