Ce que l'on sait du patient retrouvé mort dans une unité désaffectée d'un hôpital marseillais

Après l’inquiétude, la colère. "Dégoûté, écœuré", l’un des six enfants de Jean Ligonnet dénonce la négligence du personnel soignant après la découverte, mardi soir, du corps de son père dans une unité désaffectée de l'hôpital de la Conception, à Marseille, 15 jours après sa disparition. Le 19 août, à 11h00, ce patient atteint de démence et de la maladie d'Alzheimer est entré à l'hôpital pour une piqûre de chimiothérapie; trois heures plus tard, il avait disparu, selon une information de La Provence.
Disparu en "30 secondes à peine"
Jean Ligonnet serait sorti de l’unité de soins du 4e étage pour monter au 6e étage, vide et inutilisé. Les infirmières en charge du patient disent qu’il s’est volatilisé alors qu’elles ont "détourné le regard 30 secondes à peine", rapporte Jean Hospice, le fils de la victime, au quotidien régional.
"Mais mon père marchait moins vite qu'une tortue, c'est impossible", lance-t-il.
Les recherches ont commencé le jour même de la disparition, "dans un premier périmètre", a précisé à l’AFP une source policière.
"Notre personnel, largement mobilisé, a réalisé la fouille de l’hôpital à plusieurs reprises: dans tous les bâtiments et également à l’extérieur. On a visionné des vidéos surveillance et affiché la photo de l’homme disparu", a déclaré Sylvie Breton, directrice générale adjointe de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), lors d’une conférence de presse mercredi.
Elle a ajouté que ce patient de 73 ans, domicilié dans un Ehpad, "avait déjà fugué à plusieurs reprises, ce que l’équipe soignante qui le prenait en charge ignorait".
"Ils ont enlevé une vie, tout ça par la négligence"
Des explications qui sont loin de convaincre la famille de Jean Ligonnet, informée mardi soir de la découverte du corps "en état de décomposition avancée". Au micro de BFMTV, Jean Hospice affirme que tout n'a pas été mis en œuvre pour retrouver son père à temps.
"On m’a dit ‘j’ai cherché partout, dormez sur vos deux oreilles’. Mais 15 jours après, j’apprends que mon père est mort dans un coin, comme un chien, par terre. Je n’ai pas confiance en leurs paroles. Le mal est fait. Ils ont enlevé une vie, tout ça par la négligence, ils n’ont pas tout fouillé."
Et d’ajouter auprès de l’AFP: "Moi, je suis passé d'étage en étage. Je demandais au service des infirmières s'ils avaient retrouvé mon père et les femmes des services me disaient qu'elles n'étaient pas au courant, qu'elles ne savaient pas que quelqu'un avait disparu."
Jean Hospice a porté plainte avant la découverte du corps contre l'hôpital et son service d'oncologie pour "délaissement" d'une personne vulnérable.
"Je suis dégoûté parce que mon père ne méritait pas de mourir dans des circonstances comme ça. Que des personnes laissent mourir une personne comme ça, je n'arrive même pas à y croire", a poursuivi le fils de la victime, qui avait placardé, avec des proches, de nombreux avis de recherche aux alentours de l'hôpital.
Déterminer la cause du décès
Une autopsie a été pratiquée mercredi afin de déterminer l’origine du décès. Pour l’heure, "il n’y a rien d’évident, rien de particulièrement visible", glisse à La Provence une source proche du dossier. L’enquête a été confiée à la police de Marseille tandis que des investigations se déroulent également en interne.
"L’AP-HM présente ses condoléances à la famille et l’assure de son plein engagement pour faire toute la lumière sur ce décès", a précisé la directrice générale adjointe de l’AP-HM durant la conférence de presse.
"Il faut aller au bout de cette affaire et comprendre ce qu'il s'est passé", a déclaré mercredi soir sur France Info Audrey Jolibois, secrétaire du syndicat FO de l’AP-HM, indiquant que le personnel soignant est "très choqué" par cette affaire. En attendant la progression des enquêtes en cours, une question est sur toutes les lèvres: le personnel de l’hôpital était-il en sous-effectif le jour de la disparition de Jean Ligonnet?