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Police-Justice

Attentat raté à Notre-Dame: Inès Madani, l'une des suspectes, jugée pour avoir incité des départs en Syrie

Inès Madani est jugée au tribunal correctionnel de Paris.

Inès Madani est jugée au tribunal correctionnel de Paris. - AFP

Inès Madani, l'une des suspectes dans l'attentat raté de Notre-Dame-de-Paris, est jugée ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir animé des conversations sur la messagerie cryptée Telegram. Elle est soupçonnée d'avoir encouragé des départs vers la Syrie.

Elle est présentée comme une meneuse, une instigatrice. Inès Madani comparaît ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. La jeune femme, suspectée d'avoir orchestré l'attentat aux bonbonnes à Notre-Dame-de-Paris qui avait été déjoué, est jugée pour avoir embrigadé de nombreuses personnes et encouragé à de nombreux départs vers la Syrie. Des faits pour lesquels elle sera jugée au mois de septembre par la cour d'assises.

Ce mercredi, et jusqu'à vendredi, la jeune femme de 22 ans doit répondre des faits d'"association de malfaiteurs à visée terroriste". Pendant plusieurs mois, entre mars 2015 et juin 2016, Inès Madani aurait animé plusieurs conversations sur la messagerie cryptée Telegram. Sur ce réseau largement utilisé par les recruteurs de l'Etat islamique, elle incitait à la commission d'actions violentes ou aux départs des abonnés vers la Syrie.

Elle se faisait passer pour un homme

Pour appuyer sa propagande, la jeune femme se faisait passer pour un homme, en utilisant des noms de combattants comme Abou Omar ou Abou Souleymane. Elle est également suspectée d'avoir favorisé des mariages entre des femmes cherchant à rejoindre la Syrie et des jihadistes. "Elle se faisait passer auprès de nombreuses personnes, essentiellement des femmes, pour un combattant jihadiste revenu de Syrie pour préparer un attentat en France", selon l'ordonnance de mise en accusation dans l'affaire de l'attentat raté à la voiture piégée.

"Elle n'hésitait pas à contrefaire sa voix pour se faire passer pour un homme, à envoyer des photos d'hommes en se faisant passer pour eux et utilisait des prénoms masculins", précise encore le document.

Deux hommes sont également jugés aux côtés d'Inès Madani, qui comparaît détenue. L'un d'eux est notamment soupçonné d'avoir créé des groupes sur Telegram pour des personnes intéressées par un départ en Syrie, d'avoir discuté d'un attentat en France ou en Belgique, avec une recherche d'armes, de faux documents d'identité. 

Attentat raté à Notre-Dame

En septembre prochain, Inès Madani comparaîtra devant la cour d'assises de Paris, avec quatre autres femmes. Le commando est soupçonné d'avoir lancé des attaques en suivant les consignes, via des messageries cryptées, de Rachid Kassim, un jihadiste français. Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, après avoir envoyé des vidéos de revendication à Kassim, Inès Madani, alors âgée de 19 ans, et Ornella Gilligmann, une mère de famille de dix ans son aînée, avaient tenté d'enflammer avec une cigarette une Peugeot 607 remplie de six bonbonnes de gaz et aspergée de gasoil.

L'attentat avait été évité grâce à un mauvais choix de carburant qui n'avait pas pris feu. Les femmes visaient un haut lieu touristique puisqu'elles avaient garé le véhicule devant des restaurants en face de la cathédrale Notre-Dame, à Paris. Inès Madani et deux autres femmes avaient été arrêtées quelques jours plus tard à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) grâce à des renseignements de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), informée de l'imminence d'un attentat. Les enquêteurs avaient déjà dans leur viseur Inès Madani, connue des services antiterroristes et fille du propriétaire de la voiture.

Justine Chevalier avec AFP