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Police-Justice

Air cocaïne: "J'ai perdu foi en la justice dominicaine"

Quatre ressortissants français ont été condamnés vendredi à 20 ans de prison en République dominicaine pour trafic de drogue, dans le cadre de l'affaire "Air cocaïne". Il s'agit des plus lourdes sanctions dans un procès qui impliquait au total 14 personnes. Les proches des condamnés se disent "abasourdis".

Leur entourage ne s'attendait pas à une telle condamnation. Vendredi, le tribunal de Saint-Domingue a condamné à des peines de 20 ans d'incarcération les quatre Français accusés de trafic de drogue en République dominicaine. Des faits qui remontent à mars 2013, lorsque la police de l'île caribéenne a intercepté, sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un Falcon 50 avec à son bord 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne.

"Une parodie de justice"

Les proches des condamnés se disent "abasourdis" par cette sentence. "C'est un énorme coup de massue et une grande injustice", a ainsi réagi Régis Guillermet, un ami de Bruno Odos, sur BFMTV, samedi matin, considérant que les deux pilotes sont "des otages" dans cette affaire.

"J'ai perdu foi en la justice dominicaine", assure, Sabine Fauret, l'épouse de l'un des pilotes, qui dit avoir "pris encore un gros coup sur la tête". Elle trouve la peine prononcée par les juges dominicains "insupportable". "Au départ il y avait 50 Dominicains, c'était le plus gros réseau qu'ils n'avaient jamais démantelé. Il reste quatre Français, dont deux pilotes qui étaient en mission, qui ne connaissent personne là-bas, qui sont inconnus des services en France. C'est insupportable", a-t-elle réagi. "Condamner quelqu'un à 20 ans de prison, c'est la peine maximale, alors que le procureur n'a pas arrêté de mentir, de changer de version au fil des audiences. Il n'a pu apporter aucune preuve de la culpabilité de Pascal et de Bruno", a-t-elle dénoncé. Et d'ajouter: "Tout est illégal dans ce procès. On a affaire à un pays où la justice ne peut pas porter ce nom. Le gouvernement français doit intervenir".

Sabine Fauret dénonce une "parodie de justice". "J'en appelle au gouvernement français à s'impliquer davantage dans cette affaire. Même s'il suit le dossier depuis le départ, il n'y a pas eu l'appui suffisant pour que Pascal et Bruno puissent rentrer en France auprès de leurs familles".

"Incompréhension totale"

"Au départ j'ai cru que c'était un simple copié-collé du réquisitoire, avant de comprendre que c'était vraiment l'horreur absolue et que c'était cette condamnation maximale qui était retenue", a témoigné le président du comité de soutien aux deux pilotes, Philippe Henneman, sur BFMTV.

"Bien sûr il y a de l'abattement, mais il y a aussi une incompréhension totale de ce verdict. Le combat va continuer. On va se battre pour les soutenir, et pour faire entendre nos arguments encore une fois".

"Nous sommes totalement sans voix"

De son côté, l'avocat français des deux pilotes, Jean Reinhart, a fait part sur BFMTV d'un "sentiment d'injustice", se disant "totalement sans voix".

"Vingt ans de prison, c'est l'absurde de l'absurde. Nous avions des scénarios noirs, nous n'avions jamais envisagé 20 ans de prison".

"Ce n'est pas possible, dans un pays démocratique, de condamner à 20 ans de prison des personnes innocentes", a-t-il dénoncé. "Nous sommes abasourdis et stupéfaits. Je leur ai parlé assez longuement, et ils sont sans voix. Ils attendent la suite des événements, et vont faire appel, bien évidemment. Il est hors de question que l'on s'incline devant une décision aussi absurde".

"Je constate que les Dominicains, eux ont été blanchis, à part un ou deux. Et que quand on est Français, visiblement, on est en danger", a-t-il ajouté.

Une peine "très lourde", pour le quai d'Orsay

La condamnation des quatre Français "n'est toutefois pas définitive", a estimé samedi matin le quai d'Orsay qui a assuré "continuer à leur assurer une protection consulaire active".

Dans un communiqué, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères a qualifié de "très lourde" la peine prononcée et ajouté que le quai d'Orsay allait "suivre cette affaire avec la plus grande attention".

Sur Twitter, le député européen membre du Front national, Aymeric Chauprade, un dénoncé un "déni de justice", et l'"inertie totale du gouvernement français". 

Adrienne Sigel