Affaire Théo: confronté aux policiers mis en examen, le jeune homme a maintenu sa version

Théo avait été grièvement blessé lors d'une intervention policière, le 2 février 2017. - Capture BFMTV
Le 21 février dernier, Théo L., blessé à l'anus lors d'une interpellation violente à Aulnay-sous-Bois le 2 février 2017, a revu pour la première fois depuis les faits les deux policiers qui avaient procédé à celle-ci. La confrontation, dont Le Parisien a dévoilé mardi soir la teneur sur son site internet, s'est déroulée dans le bureau de la juge d'instruction Béatrice Fay, à Bobigny.
A la magistrate qui lui a d'abord reproché de ne pas s'être soumis à un suivi médical régulier, Théo L. a répondu qu'il n'avait pu passer de radio à cause d'un empêchement. Il ne s'agit pas d'un détail, loin de là. Si la blessure de Théo L. s'avère permanente, les deux policiers mis en examen, l'un pour viol, l'autre pour violences volontaires, comparaîtront devant les assises et non en correctionnelle.
Selon le quotidien francilien, Théo L. a depuis pris ses dispositions et se fera enlever lundi prochain la poche avec laquelle il vit depuis son arrestation.
Frappé dix fois en moins d'une minute
Le volet médical de l'affaire autour de ce qui a été fait à ce jeune homme de 23 ans est au centre du développement du dossier. Une nouvelle expertise médicale semble en effet orienter l'instruction davantage vers la piste des violences volontaires que du viol. Elle indique que le bâton télescopique du policier a heurté "la bordure de l'anus" de Théo L. sans le pénétrer. Le rapport n'en précise pas moins que le geste a provoqué "un éclatement de la région péri-anale".
Théo L. a maintenu lors de la confrontation la version qu'il a livrée initialement selon laquelle il avait reçu le coup de matraque "dans (ses) fesses". Le policier mis en examen pour viol a, lui, déclaré: "Je le dis depuis le début que je vise le haut de la cuisse, et non l’anus. C’est une blessure désolante, j’y pense tous les jours, mais je n’ai pas voulu la provoquer".
Revenant sur l'interpellation en elle-même, les deux policiers ont défendu la nécessité de sa nature musclée par la "virulence" de Théo L. face à eux, alors qu'ils étaient venus contrôler un homme soupçonné d'être un dealer. "Mon geste était justifié", a affirmé l'un des mis en examen alors qu'un rapport d'expertise technique a posé que "le geste d’estoc était rendu nécessaire par l’impossibilité de maîtriser physiquement l’interpellé". Théo L. a expliqué sa résistance par le fait que "cette brigade" avait selon lui la réputation de "frapper les gens menottés". Les experts ont assuré par ailleurs que l'un des policiers a fait pleuvoir dix coups en quarante-cinq secondes sur Théo L., y compris lorsque celui-ci était au sol.