Affaire Omar Raddad: la justice sur le point d'ordonner l'arrestation d'un homme

L'avocate d'Omar Raddad redoute le risque de fuite de ce nouveau possible suspect. - Mehdi Fedouach - AFP
Une nouvelle piste dans l'affaire Omar Raddad que les enquêteurs comptent exploiter jusqu'au bout. Le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre serait sur le point d'ordonner l'interpellation d'un homme dont les empreintes, enregistrées au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), pourraient correspondre aux traces ADN découvertes sur l'un des scellés dans le dossier sur le meurtre de Ghislaine Marchal, en juin 1991, à Mougins, dans les Alpes-Maritimes.
La décision pourrait être prise mercredi ou jeudi, selon le quotidien 20 Minutes qui révèle l'information. La gendarmerie devrait alors localiser l'homme avant de l'arrêter. L'affaire Raddad, du nom de celui qui a été condamné et qui a toujours nié les faits, a été relancée le 20 octobre dernier après l'examen d'une empreinte génétique découverte sur l'une des pièces à conviction qui se trouve dans ce dossier.
"Il y a un soupçon d'identité entre une des traces et un enregistrement au Fichier national automatisé des empreintes génétiques", déclarait alors le procureur de Nice.
Encore des doutes
Mais au lendemain d'analyses complémentaires, réalisées par l’Institut génétique Nantes Atlantique, sur ces traces ADN, le doute subsiste toujours quant à l'identité de cet homme qui pour l'heure n'est pas suspect. Impossible pour les enquêteurs d'identifier à 100% le propriétaire de ces empreintes, retrouvées en 2015 sur la porte et le chevron qui a servi à frapper à plusieurs reprises Ghislaine Marchal. En recherchant ce nouveau possible suspect, la justice pourrait en acquérir la certitude en comparant directement son ADN aux traces sur les scellés. "Le Fnaeg se permet des rapprochements, les empreintes découvertes n'appartiennent peut-être pas à l'homme identifié, prévient Dominique Rizet, spécialiste Police-Justice à BFMTV.
"Le meilleur moyen d’en avoir le cœur net, c’est encore d’aller gratter à l’intérieur de la joue de l’intéressé", assure au quotidien gratuit une source proche de l'enquête, faisant référence aux prélèvements avec un coton-tige à l'intérieur de la bouche.
25 ans après les faits, aux yeux de la justice, Omar Raddad, le jardinier de la victime, reste le meurtrier de Ghislaine Marchal, dont le corps avait été découvert dans la cave de sa villa. Elle avait reçu neuf coups de couteau et cinq coups de chevron à la tête. En 1996, l'homme qui a toujours clamé son innocence bénéficiait d'une grâce partielle, Jacques Chirac réduisant de quatre années sa peine.
Plus de 2 millions de fichés au FNAEG
Affaire judiciaire emblématique, depuis 15 ans, Omar Raddad se bat pour obtenir de nouvelles analyses ADN. Avec l'avancée de l'enquête et la découverte de ces empreintes, ainsi que d'une possible concordance avec un nouveau suspect, l'avocate de l'ex-jardinier espérait une enquête plus rapide. "Ces recherches à mon sens auraient dû être accomplies bien avant", dénonce Me Sylvie Noachovitch.
Et de poursuivre: "On fait les choses à l’envers. Il aurait fallu dès que ça avait 'matché' avec le FNAEG rechercher cette personne sans perdre de temps.
Retrouver ce nouvel individu ne va pas être une mince affaire. Dans un premier temps, il va falloir l'identifier parmi les 2,5 millions de Français inscrits dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques que ce soit pour des condamnations dans des affaires de drogue ou pour des infractions routières. Par ailleurs, 25 ans après les faits, cet homme peut être mort ou avoir été simplement présent sur la scène du crime à des fins professionnelles comme les greffiers ou les enquêteurs passés dans la villa de Ghislaine Marchal au moment du meurtre.