Affaire Haradinaj: la Serbie rappelle son ambassadeur en France

- - Ramush Haradinaj au tribunal de Colmar le 27 avril 2017 - Image Sebastien Bozon - AFP
La Serbie a rappelé jeudi son ambassadeur en France pour des consultions après la décision de la justice française de rejeter la demande d'extradition de l'ancien rebelle kosovar Ramush Haradinaj que Belgrade souhaitait juger pour crimes de guerre.
Belgrade va, de surcroit, adresser à Paris une "vigoureuse note de protestation car il s'agit (concernant l'affaire Haradinaj, ndlr) de principes moraux et juridiques et non de politique", a déclaré le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic, réagissant, en conférence de presse à Belgrade, à la décision du tribunal à Colmar.
Un extradition aux "conséquences d'une gravité exceptionnelle"
"Nous sommes confrontés à une grande victoire des criminels, de ceux qui ont commis les pires des crimes et pour lesquels le monde moderne vient de nous montrer qu'ils ont pu les commettre sans jamais en répondre", a ajouté Aleksandar Vucic qui a dénoncé une décision "honteuse, scandaleuse, contraire à la loi et absolument injuste et par dessus tout politique".
L'extradition de Ramush Haradinaj, un ancien Premier ministre, actuel député et opposant au président Hashim Thaçi, entraînerait "des conséquences d'une gravité exceptionnelle" pour lui-même, mais aussi du fait de "considérations liées notamment à son rôle (...) dans la vie politique du Kosovo", a estimé la chambre d'instruction de la cour d'appel de Colmar (est) expliquant son "avis défavorable" à la demande d'extradition présentée par la Serbie.
Le président du Kosovo se félicite de la décision
Cet avis ne repose que sur le critère des "conséquences d'une gravité exceptionnelle" qu'aurait entraînées son extradition: "il suffit qu'un seul critère ne soit pas rempli pour que la demande soit rejetée", a expliqué à l'AFP une source judiciaire.
A Pristina, le président du Kovoso, Hashim Thaci, s'est félicité sur Facebook de cette décision. Les "calomnies" serbes "ne sont pas prises en considération par le monde démocratique", a-t-il commenté.
Le Kosovo a déclaré en 2008 son indépendance, désormais reconnue par plus de 110 pays, dont la France et les Etats-Unis. Avec le soutien de la Russie, Belgrade ne reconnaît pas cette indépendance.