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Police-Justice

Affaire Fiona: vers une requalification des faits pour la mère?

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Cécile Bourgeon pourrait être poursuivie pour "coups mortels aggravés", tout comme son compagnon Berkane Makhlouf.

Le procureur a demandé lundi la mise en examen de Cécile Bourgeon, la mère de la petite Fiona dont le corps reste introuvable, pour "coups mortels aggravés".

"J'ai signé ce matin un réquisitoire supplétif", a déclaré Pierre Sennès, procureur de la République à Clermont-Ferrand. Au juge d'instruction de décider s'il modifie la mise en examen de la mère de Fiona.

Accusée par son concubin d'avoir frappé sa fille, Cécile Bourgeon s'expliquera mardi à 14h devant les juges d'instruction à Clermont-Ferrand.

La jeune femme de 25 ans, en détention provisoire à Lyon-Corbas, pourrait voir sa mise en examen pour quatre chefs, dont "recel de cadavre" et "non assistance à personne en danger" requalifiée en "coups mortels aggravés", la même que son compagnon. Des faits passibles de la cour d'assises.

"Laissons faire la justice, le procureur demande, le juge décide, on verra si le juge a des éléments nouveaux", a déclaré Me Gilles-Jean Portejoie, l'avocat de Cécile Bourgeon.

Il s'agirait d'une "mesure de justice", pour l'avocat du concubin Berkane Makhlouf, Me Mohamed Khanifar. Selon lui, la mère et le beau-père de Fiona pourraient être impliqués au même titre.

Une confrontation entre Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon serait nécessaire pour comprendre les divergences entre leurs versions. Mais celle-ci n'est pas programmée et ne devrait pas intervenir avant le mois de novembre.

Versions divergentes

Jusqu'aux déclarations de son compagnon, Cécile Bourgeon était a priori tenue hors de cause dans le décès de Fiona que le couple a finalement reconnu après son interpellation le 24 septembre. Après quatre mois de mensonges, ils ont avoué avoir enterré l'enfant dans une forêt près de Clermont-Ferrand, en présence d'Éva, la petite soeur de Fiona.

Lors des premiers interrogatoires, la mère a chargé son compagnon, affirmant que, la nuit du drame, Berkane Makhlouf avait donné un coup à la tête de Fiona, occasionnant un hématome à l'oeil. Plus tard, après un interrogatoire de première comparution pendant lequel elle avait, comme la loi le lui permet, gardé le silence, la jeune femme avait, face aux magistrats instructeurs, accablé davantage son compagnon. Cécile Bourgeon avait alors parlé d'un tyran domestique, d'un homme qui la martyrisait.

C'est cette surenchère qui a amené Berkane Makhlouf à évoluer dans sa version des événements. S'il a continué à nier avec force avoir frappé Fiona, il a accusé sa compagne d'avoir donné ce soir-là "deux coups de pied au ventre" et "deux coups à la tête" de sa fille, selon Me Khanifar. Et Makhlouf de raconter aux magistrats que Cécile a corrigé Fiona parce que la petite s'était fait vomir comme elle le faisait depuis quelque temps imitant sa mère enceinte.

Pour Berkane Makhlouf, les coups de Cécile ne sont cependant "pas la cause de la mort" de Fiona. Selon lui, l'autopsie du corps de Fiona démontrera qu'il dit la vérité. Mais trois opérations de fouilles se sont révélées jusque-là infructueuses. Et, sauf rebondissements, il n'y a pas de nouvelles recherches prévues tant que le couple est incapable de retrouver l'endroit où il a procédé à l'enterrement, dans une forêt autour de Clermont-Ferrand.

M.G. et V.D. avec AFP