Ado mortellement poignardée: le drame aurait-il pu être évité?
Plus de 800 personnes ont participé lundi soir à une marche blanche en hommage à Emma, 13 ans, morte poignardée par son petit ami, jeudi dernier. Celui-ci a reconnu les faits. En tête de cortège, le poney de la jeune fille ouvrait la marche, symbole fort pour rappeler la passion et la personnalité de la victime.
Mais quid de celle de l’auteur présumé du meurtre? En effet, en marge de cette marche blanche, le recteur de l’académie de Dijon, Pierre N'Gahane, a révélé que Joris, 14 ans, faisait l’objet d’un suivi psychologique de l’Éducation nationale depuis la rentrée de septembre.
"Il était bien sûr suivi par les psychologues de l'Éducation nationale. Il était manifestement un peu perturbé, mais c'était plutôt personnel. Il n'y avait pas de menace vis-à-vis de ses camarades", a-t-il assuré.
Pourquoi ce suivi a-t-il été décidé? Le drame aurait-il pu être évité? Sur BFMTV ce matin, l’avocat de la famille d’Emma, maître Patrick Uzan, affirme avoir pris connaissance de cette information grâce aux médias.
Le rôle des professeurs en question?
Me Uzan est revenu sur notre antenne sur les bruits qui couraient déjà dans la cour du collège à propos de Joris.
"La cour de récréation a commencé à parler au lendemain du drame. Des enfants sont venus spontanément rapporter que Emma était violentée et tourmentée, par le mis en cause. Plus encore, celui-ci manifestait son intention de mettre à exécution son funeste projet de la tuer", affirme-t-il.
Ainsi, pour l'avocat, si les enfants savaient, l'encadrement scolaire devait le savoir aussi. Il se demande aujourd'hui si tout a été mis en oeuvre pour éviter d'en arriver là.
"Se pose la légitime question de savoir si tout a été fait pour prévenir ce drame. Si les parents d'Emma ont été informés de son amourette avec Joris, et donc d’un danger potentiel", poursuit-il.
Principe de précaution
Toutes ces questions soulevées, Patrick Uzan compte bien les partager au juge d'instruction. Car selon lui, il est légitime pour les parents d'Emma d'exiger des réponses claires.
Pour autant, aurait-on vraiment pu en savoir davantage sur la personnalité du jeune homme sans risquer de violer le secret médical? Pour l'avocat de la famille, dans ce genre de cas, le principe de précaution doit primer.
"Quand il y a des signaux d’alerte aussi graves, on doit prévenir une situation potentiellement dangereuse. Parce que cette enfant de 13 ans et huit mois a trouvé la mort dans des conditions atroces avec un ado meurtrier dont on connaissait la dangerosité. Ce n’est pas pour rien que cet enfant était suivi", argue-t-il.
Interrogée sur le plateau de BFMTV, la psychologue-clinicienne Johanna Rozenblum explique la gestion difficile de ce genre de cas, qui dépend souvent de la volonté de l'adolescent signalé de se confier au psychologue scolaire.
"Tous les psychologues peuvent faire des signalements d’informations préoccupantes quand ils pensent qu’un mineur est en danger. Cela se fait assez régulièrement. De là à dire que ce que présentait Joris au psychologue scolaire permettait de s’alerter d'un passage à l’acte, c'est autre chose".
Selon elle, les questions posées en justice sont différentes de celles posées en santé mentale. "Il est très difficile de refaire l'histoire", précise-t-elle.
D'autant que jusqu'à la décision de ce suivi psychologique, Joris n'avait jamais menacé personne. L'instruction en cours éclairera les choses. Même "s'il ne s'agit pas pour les parents d'Emma de chercher des responsables", affirme Patrick Uzan.