À Marseille, les dealers recrutent des vendeurs "à temps plein" par petites annonces

Un policier dans une cité marseillaise, le 12 avril 2019 (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Christophe SIMON / AFP
"Offre d'emploi : nous recherchons un vendeur à temps plein..." À Marseille, où certains quartiers sont en proie au trafic de drogue, les dealers ont désormais une nouvelle astuce pour recruter des jeunes: les petites annonces, révèle La Provence.
Sentiment d'impunité
Les prospectus ont été distribués dans le quartier de La Solidarité, au nord de la cité phocéenne. Dessus, la société "Capsule Corp" propose une offre d'emploi pour un travail en temps plein qui consiste à être "en charge de l'accueil des clients et de la bonne vente". Il est également demandé "d'effectuer des contrôles visuels en cas d'arrivée des forces de police et transmettre l'information au vendeur".
Cette petite annonce s'adresse à des adolescents dont les narcotrafiquants se servent comme guetteurs. Malgré l'arrestation de deux individus, les autorités se déclarent impuissantes face à ce phénomène que la police peine à endiguer.
"On franchit un pas supplémentaire dans la provocation, dans le sentiment d'impunité. La cité s'est organisée et organise ses richesses et ses ressources humaines et le fait ensuite savoir, sans aucune crainte de qui que ce soit", s'alarme à notre antenne Victor Gioia, avocat pénaliste marseillais.
Le trafic de drogue est un business très lucratif, avec un acheteur toutes les trois minutes à Marseille, regrette Rudy Mana, membre du syndicat de police Alliance:
"Sur un mois, une cité marseillaise peut tourner à un million d'euros", constate-t-il.
La sécurité "en état de péril"
D'autant que le trafic s'accompagne de règlement de compte meurtrier, avec de plus en plus souvent la présence d'armes de guerre. Il y a deux semaines encore, un jeune homme de 19 ans a été tué par balles lors d'un probable règlement de comptes lié au trafic de drogue. Le lendemain, deux jeunes, dont un mineur de 14 ans, étaient gravement blessés par arme à feu dans ces mêmes quartiers.
La sénatrice socialiste Samia Ghali avait alors déclaré que la sécurité à Marseille était en "état de péril" et avait "exigé de la Ville de Marseille un accompagnement réel de la police de sécurité du quotidien avec le recrutement de policiers municipaux manquants".