"Chers amis, chers ennemis, dernier bonsoir": ce que Thierry Ardisson avait prévu pour ses obsèques

La vedette du petit écran et roi de la provoc', mort lundi des suites d'un cancer, avait méticuleusement préparé son enterrement, qui se déroule ce jeudi 17 juillet à l'église Saint-Roch de Paris. Jusqu'à choisir ses invités et sa playlist.

Un dernier tour et puis s'en va. Les obsèques de Thierry Ardisson, producteur et animateur star décédé le 14 juillet à 76 ans des suites d'un cancer du foie, sont célébrées ce jeudi 17 juillet à Paris, devant une assistance invitée à revêtir sa couleur fétiche, le noir. Jusqu'au bout, l'homme fort du PAF qui connaissait si bien les ficelles médiatiques, aura mis en scène son départ, et contrôlé autant que possible sa précieuse image.

La cérémonie se tiendra à 16h30 à l'église Saint-Roch de Paris, la paroisse des artistes qui a déjà accueilli les funérailles de nombreuses personnalités du monde de la culture, en présence d'invités uniquement, et sera suivie d'une "inhumation dans la plus stricte intimité", a indiqué sa famille à l'AFP.

Sur le carton d'invitation pour le moins original envoyé par sa femme Audrey Crespo-Mara et leurs enfants respectifs, ses proches sont priés de respecter le "dress code Ardisson (avec ou sans lunettes noires)".

"Roch never dies"

"Chers amis, chers ennemis, dernier bonsoir! Retrouvez-nous pour dire au revoir à l'homme en noir", mentionne également le carton d'invitation très rockn'roll, portant la mention "Roch never dies", clin d'œil à la paroisse du 1er arrondissement et promesse d'une bande-son éclectique à son image.

"Je veux l'encens, les enfants de chœur… La totale! J'ai déjà toute la playlist en tête. Je veux qu'on écoute Lazarus de David Bowie et In My Life des Beatles repris par Sean Connery, avait-il déclaré au Point fin mai. "J'ai toujours tout mis en scène (...), ça m'intéresse d'aller jusqu'au bout", avait-il confié sur le plateau de Léa Salamé sur France 2.

La vedette du petit écran depuis les années 1980 souhaitait également que les trois femmes qu'il a épousées soient présentes à l'enterrement, à savoir Christiane Bergognon, Béatrice Loustalan la mère de ses trois enfants Ninon, Manon et Gaston, et Audrey Crespo-Mara, son épouse depuis 2014. Il espérait qu'elles soient entourées de sa famille et de ses "potes".

"Je ne pense pas qu’on remplisse toute une église avec des gens qui viendront chanter mes louanges!", ajoutait-il dans un élan de fausse modestie.

La veille, ce 16 juillet au soir, le documentaire La face cachée de l'homme en noir, écrit et réalisé par Audrey Crespo-Mara, a été diffusé sur TF1, montrant l'homme sous un nouveau jour, parfois sur un lit d'hôpital, à nu, souvent tourmenté et vulnérable.

Hommages et polémiques

L'annonce de sa mort a suscité une pluie d'hommages, du président Macron aux patrons de chaîne en passant par de nombreuses figures du PAF, comme Léa Salamé, Arthur, Cyril Hanouna ou Karine Le Marchand.

Mais des extraits d'émissions où il avait mis mal à l'aise ses invitées, comme les actrices Judith Godrèche ou Milla Jovovich, ont été aussi exhumées et relayées. Si Laurent Baffie, son acolyte, a fait un récent mea culpa, Thierry Ardisson a préféré assumer. "J'étais ni con ni macho, on était dans l'époque" et "l'époque a changé", balayait-il en mai sur France Inter.

Issu d'un milieu social modeste, l'ancien publicitaire a bousculé le paysage cathodique avec ses talk-shows à succès où se rendait le Tout-Paris, comme "Bains de minuit", présenté depuis la boîte de nuit des Bains Douches à Paris, "Lunettes noires pour nuits blanches" au Palace et "Rive droite/Rive gauche", premier magazine culturel TV quotidien en France.

“Le bordel, ça s’organise”: comment Thierry Ardisson a réinventé la télévision

23:22

Il a connu ses plus belles heures avec Tout le monde en parle sur France 2 (1998-2006) où ses questions aux artistes comme aux politiques, parfois trash, ont souvent créé le buzz. Thierry Ardisson est ensuite passé aux commandes de Salut les Terriens (2006-2019), sur Canal+ puis C8, qu'il a dû arrêter après avoir refusé d'en baisser le budget.

Comme obsédé par l'après, le vétéran était revenu brièvement en 2022 avec Hôtel du temps sur France 3, où il interrogeait des stars défuntes dont les visages et voix étaient recréés grâce aux nouvelles technologies.

"Où que j'aille, j'espère bien retrouver Denise Glaser et François Chalais (anciennes figures de la télé, ndlr), John Lennon et George Harrison (des Beatles), Paul Morand et Alain Pacadis (des auteurs)", avait déclaré Ardisson à Paris Match dans une "interview jugement dernier" en 2005.

Estelle Aubin avec AFP