"Je rêve de faire un film d'action!": Nawell Madani sort sa première série, "Jusqu'ici tout va bien"

Nawell Madani dans " Jusqu'ici tout va bien" - Netflix
Nawell Madani change de ton. L'humoriste belge, qui avait raconté son parcours dans la comédie C'est tout pour moi (2017), est de retour ce vendredi avec Jusqu'ici tout va bien, une série imaginée pour Netflix. Exit les blagues habituelles, on est ici dans une ambiance plus proche du thriller et du polar.
Présentée par Nawell Madani comme une réflexion sur "la responsabilité de l'information", cette série suit Fara, journaliste dont le rêve de présenter le journal d'une chaîne d'informations en continu est ralenti lorsqu'elle aide son frère à échapper à la police, mettant sa famille dans la ligne de mire d'un baron de la drogue.
Des héroïnes vaillantes
Initialement intitulée Bendo ("taudis" en argot), la série est née pendant le confinement, de la volonté de parler des femmes de banlieue, encore trop représentées à l’écran. "J'avais deux films en écriture. Puis comme le confinement a duré plus longtemps que prévu, je me suis mise à écrire cette série", se souvient-elle.
"Quand je me suis mise à écrire, je n’ai pas voulu me freiner, me mettre des limites", poursuit-elle. "J’ai voulu faire vivre des choses fortes à mes héroïnes. Je voulais qu’elles soient courageuses, déterminées, vaillantes. Pour ça, il fallait un levier de fiction, que le polar offre. Et je me suis éclaté." Netflix a aussitôt été emballé.
Son héroïne, Fara, est entourée de plusieurs femmes fortes, toutes inspirées par ses sœurs et les femmes de son entourage. "J’ai voulu parler de la charge mentale, de la complexité de la transmission, qu’elle soit religieuse ou culturelle." "Tous ces personnages ont envie de s'en sortir et de protéger la famille."
Infiltrée dans BFMTV
Pour les besoins de l'écriture de Jusqu'ici tout va bien, Nawell Madani a visité les locaux de BFMTV. "Ils ont vraiment joué le jeu", salue-t-elle. "J'ai pu poser un tas de questions. C'était vraiment cool. Je leur ai demandé pourquoi, quand je me baladais dans les locaux, il n'y avait pas beaucoup d'arabes et de noirs."
"Ils m'ont expliqué qu'ils ne recevaient pas autant de candidatures qu’ils le voudraient, que certains jeunes journalistes ne poussaient pas la porte de ce type de média. Et qu'ils y avaient un vrai manquement de leur part", ajoute-t-elle.

Elle a visité pendant une demi-journée la rédaction: "J'ai fait toutes les étapes: comment on crée un bandeau, comment l'actualité arrive, comment on fait pour tenir le rythme quand une info arrive, comment on la vérifie, comment on la vérifie avec peu d'informations. C'était très enrichissant."
À la fois créatrice, actrice, scénariste, productrice et réalisatrice de Jusqu'ici tout va bien, Nawell Madani a supervisé la série dans ses moindres détails. "J'ai eu du mal à terminer cette série", confie-t-elle. D'autant qu'elle venait d'accoucher. "Jouer et devoir se regarder à l'écran, au sortir d'une grossesse, il faut un temps [d'adaptation]."
Le plus difficile a été le rythme de tournage, très différent de celui du cinéma. "Faire rentrer 7-9 minutes utiles par jour, je ne connaissais pas ce rythme-là. Et puis être au jeu, à la réalisation, à l'écriture, à la production et au showrunning, franchement, le costume était trop grand. Clairement, on avait tous sous-estimé la charge de travail."
"Je rêve de faire un film d'action!"
Rencontrée quelques jours avant la diffusion de la série, Nawell Madani confesse avoir "peur". "Je ne sais pas comment ça va se passer le 7 avril. Je ne dors plus. Il faut savoir qu’avec une plateforme comme Netflix, on sort mondialement dans 190 pays. Et on est comparé à des mastodontes comme Casa de Papel et Squid Game."

"On n’a pas les mêmes budgets, mais on est l’affiche d'à côté, les gens passent d’une série française à une série coréenne. Il faut être un peu à la hauteur", s'inquiète-t-elle.
La fin de la série n'appelle pas de deuxième saison. Mais Nawell Madani pense désormais à ses prochains projets. "Je rêve de faire un film d'action!", s'exclame-t-elle. "J'ai envie de sauter d’un toit à un autre! C'est mon prochain challenge."
Celle qui vient d'ouvrir son club de stand-up en Belgique promet "un film d'action avec de la tchatche, de l’émotion", car elle "aime bien faire pleurer un peu." Le tournage, difficile, de sa série, lui a donné les armes pour relever ce défi: "ce que j'ai vécu avec Jusqu'ici tout va bien va rendre plus facile le tournage de long-métrage."