Eurovision: l'Autriche estime que tout boycott culturel est "stupide et vain"

Yuval Raphael représentant Israël marche sur le tapis turquoise à Bâle avec des drapeaux palestiniens derrière lors de la cérémonie d'ouverture du Concours Eurovision de la chanson 2025 à Bâle le 11 mai 2025. - Fabrice COFFRINI / AFP
L'Autriche, pays hôte de l'Eurovision en 2026, a regretté les appels de plusieurs pays européens au boycott si Israël participe à la prochaine édition.
"Les boycotts culturels sont stupides et vains, ils ne nous font pas avancer", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et européennes Sepp Schellhorn au journal autrichien Kurier jeudi soir.
L'Espagne, l'Irlande, la Slovénie, l'Islande et les Pays-Bas ont annoncé qu'ils n'enverraient pas de représentant au concours à Vienne en mai prochain, si Israël est autorisé à participer.
Des accusations d'interférences
L'association de l'audiovisuel public néerlandaise Avrotros avait justifié sa décision par les "sérieuses violations de la liberté de la presse" commises par les Israéliens à Gaza. Elle accuse aussi Israël d'avoir commis "des interférences prouvées lors de la dernière édition, se livrant à une instrumentalisation politique de l'événement".
La chanteuse israélienne et survivante de l'attaque du 7 octobre, Yuval Raphael, était arrivée seconde au concours 2025, portée par le vote du public.
"Ces pays sont des démocraties. Si l'un de nos voisins décide de ne pas participer, alors l'Autriche doit en prendre acte", a écrit M. Schellhorn.
Mais céder à des pressions ou à un chantage serait une "erreur", a-t-il ajouté.
Le ministère autrichien des Affaires étrangères, qui n'était pas joignable vendredi, a déclaré selon Kurier qu'il allait envoyer une lettre à ses homologues européens pour déconseiller le boycott.
"C'est avant tout une compétition entre musiciens et artistes. Et mélanger leur rôle avec la politique d'un pays me semble extrêmement problématique", a argumenté M. Schellhorn.
Un "dialogue" interne
Lors de sa dernière assemblée générale en juillet, l'Union Européenne de Radio-Télévision (UER), propriétaire et gestionnaire de l'Eurovision, avait décidé de lancer un "dialogue" interne.
"Nous comprenons les inquiétudes et les opinions (...) concernant le conflit en cours au Moyen-Orient", avait déclaré à l'AFP la semaine dernière le directeur du concours, Martin Green.
Des recommandations sont attendues d'ici la fin de l'année. L'UER tient sa prochaine assemblée générale en décembre. C'est aussi à la fin 2025 que les différents pays membres devront trancher sur leur participation.
L'Eurovision est régulièrement le théâtre d'oppositions géopolitiques. La Russie a été exclue à la suite de l'invasion de l'Ukraine en 2022. Le Bélarus l'avait été un an plus tôt après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko.