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Cinéma

Salon de l'agriculture: quand la vache devient une star du cinéma

La Vache 2016

La Vache 2016 - Copyright Jean-Claude Lother

A l'occasion du lancement de l'édition 2018 du Salon de l'agriculture, retour sur les relations entre le cinéma et les vaches.

Curieux destin que celui de la vache au cinéma. Loin d'être une simple vache qui rit, ce mammifère corné a plus d'une fois titillé l'imagination des cinéastes. Très variés, les rôles distribués aux vaches au cinéma n'en demeurent pas moins problématiques, voire souvent offensants, pour les bovidés.

Transformée en punching ball par Sylvester Stallone dans Rocky (1976), catapultée par les Monty Python dans Sacré Graal! (1975), abattue à bout portant par Jim Carrey dans Fou d'Irène (2001) ou encore pulvérisée par Mark Wahlberg, George Clooney et Ice Cube dans Les Rois du désert (2000), la vache a connu bien des malheurs à l'écran.

Certains réalisateurs lui ont réservé un meilleur sort. C'est le cas de Philippe Muyl dans La Vache et le président (2000). Il imagine l'épopée d'un jeune orphelin pour sauver sa vache Maéva alors qu'un troupeau doit être abattu à cause de l'épidémie de la vache folle. Dans une scène restée célèbre, Maéva erre dans la ligne 14 du métro, récemment ouverte au public. Sorti en 2017, Petit Paysan, qui vient de décrocher huit nominations aux Césars, reprend cet argument d'un troupeau menacé par une épidémie.

Fou d'Irène ; La Vache ; Ma Vache et moi de Buster Keaton et La Vache et le Président.
Fou d'Irène ; La Vache ; Ma Vache et moi de Buster Keaton et La Vache et le Président. © -

"Groupir! Reste groupir!"

Lorsqu'il ne la martyrise pas, le cinéma aime aussi faire voyager les vaches. C'est le cas dans La Vache (2016). Un paysan Algérien nommé Fatah décide de traverser la France pour emmener sa vache Jacqueline au salon de l'Agriculture de Paris. L'idée n'est pas neuve: en 1925, Buster Keaton traversait déjà l'Ouest américain en compagnie de sa vache dans Ma Vache et moi. En 1991, Billy Crystal a parcouru de son côté le Midwest avec son troupeau dans La Vie, l’amour… les vaches. 

Dans un registre un peu plus dramatique, Fernandel s'est évadé d'un camp pendant la Seconde Guerre mondiale avec sa vache Marguerite dans La Vache et le prisonnier (1959).

A tout genre, ses stars. Jean Lefebvre semble être le spécialiste de la vache. Dans On a retrouvé la septième compagnie (1975), il court après des bovidés sous les cris d'un soldat allemand: "Groupir! Reste groupir!".

"Si on reste groupir, on va perdre les vaches", répond Jean Lefebvre.

L'argument est imparable et Lefebvre sait de quoi il parle: en 1979, dans Tendrement vache, le comédien joue un cultivateur persuadé que sa défunte épouse s'est réincarnée dans une vache de son cheptel. 

Kung Fu Vache

La vache peut être érotique. Dans une célèbre scène de Sauve qui peut la vie (1980) de Jean-Luc Godard, une femme montre ses fesses aux vaches. Chez Jean-Luc Godard, la vache a aussi une fonction politique. Selon le cinéaste suisse, elle est porteuse d'un "véritable regard critique". "La neutralité bovine devient ainsi une sorte de défi pour les cinéastes. Qu’attendre d’un animal dont le regard ne saurait déterminer devant la caméra aucun sens perceptible ou déchiffrable?", résume Le Monde.

Certains films ont fait le pari d'ajouter de la subjectivité à la vache. Le cinéma d'animation notamment: dans La Ferme en folie (2006), les vaches roulent en moto comme des bikers; dans La Ferme se rebelle (2004), elles capturent un bandit pour récupérer une récompense de mille dollars et sauver leur ferme. Le plus beau rôle de vache est cependant dans la comédie Kung Pow (2002). Elle s'y révèle aussi forte que Bruce Lee. Cow power!

Jérôme Lachasse