Yvelines: menacé de mort après une polémique sur un projet de mosquée, un habitant quitte sa commune

La commune de Magny-les-Hameaux dans les Yvelines. - Capture d'écran/Google street view
La construction d'un "centre culturel et cultuel", porté par l'Association des musulmans de Magny-les-Hameaux (A2MH), suscite quelques inquiétudes dans cette commune des Yvelines.
Manque d'informations
Pierre-Louis Brière, un habitant de la commune, a déploré le manque d'informations de la population sur ce projet qui doit voir le jour dans une zone pavillonnaire de Magny-les-Hameaux. Afin d'informer d'autres habitants, il monte un comité et communique à travers un groupe WhatsApp réunissant jusqu'à une centaine de personnes.
"On est face à un projet très opaque d'une mosquée qui ne dit pas son nom avec un maire qui dit qu'il ne s'agit pas d'une mosquée, mais d'un centre culturel et cultuel", explique Pierre-Louis Brière au micro de BFM Paris Île-de-France.
Dans le groupe WhatsApp, des propos "condamnables" sont tenus, début décembre, par des opposants affirmant que l'on "n'est plus en France". "En tant qu'administrateur du groupe, j'ai immédiatement supprimé ces messages", affirme Pierre-Louis Brière. Sauf que des partisans du projet ont eu accès à ce message et en ont fait des captures d'écran.
La situation va s'aggraver lorsque les défenseurs du projet vont mettre en avant une "fausse information" qui aurait été diffusée sur le tract des opposants. "Sur ce tract, on citait une phrase qui était présente sur la page d'accueil de l'A2MH (...) En fait, on se rend compte que l'association a modifié son site entre-temps", affirme Pierre-Louis Brière.
Des appels anonymes
À partir de là, il reçoit une dizaine d'appels anonymes le menaçant de mort. Certaines personnes étant en possession de son adresse postale, celui-ci a préféré quitter son domicile pour se rendre chez des proches avec sa femme et ses deux enfants.
Il a également déposé plainte et une enquête a été ouverte. Une source judiciaire indique à BFM Paris Île-de-France qu'un mineur a été arrêté et auditionné. Il a avoué être l’auteur d’une partie des menaces. Une réponse pénale a été donnée, ajoute cette source judiciaire.
La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a apporté son soutien à Pierre-Louis Brière. "Je demande qu’ils soient protégés et les auteurs mis hors d’état de nuire! Ces intimidations n’ont pas leur place dans la République", écrit-elle.
De son côté, l'Association des musulmans de Magny-les-Hameaux a tenu à "condamner fermement les menaces subies". Elle ajoute: "En aucun cas, notre association cautionne ces actes intolérables. Les actions de quelques individus ne représentent en aucun cas les valeurs et la solidarité qui définissent notre association."
Face à la situation, la municipalité de Magny-les-Hameaux a adressé une lettre aux habitants le vendredi 8 décembre. Il y rappelle les principes de la laïcité qui guide les "choix" et les "décisions" de "tout élu, local ou national".
Des "propos haineux et xénophobes"
"C’est évidemment dans ce cadre que la commune de Magny-les-Hameaux agit, auprès de tous les cultes représentés, en concertation et accord avec l’État", écrivent les élus municipaux dans ce courrier.
Ils déplorent le "déferlement de propos haineux et xénophobes" face au projet et appellent "à la raison". Les élus défendent le projet de l'Association des musulmans de Magny-les-Hameaux en rappellant qu'il "date de plus de 10 ans" et qu'un premier eprmis de construire avait été refusé par le maire "pour des raisons de conformité en terme de stationnement et d'accès".
La municipalité rappelle aussi le choix du nouveau terrain qui a été fait parmi d'autres lieux. Celui-ci, appartement à l'agglomération, est acheté par la commune qui va ensuite le revendre à l'association. "Aucun euro n’est engagé et ne sera engagé par la commune" dans la construction, précise la ville.
Le projet doit désormais être présenté à la population "en amont de tout dépôt de permis de construire" par l'Association des musulmans de Magny-les-Hameaux.