"Trente secondes avant, ça aurait été moi": un collègue du cycliste tué par un conducteur à Paris témoigne

Un témoignage édifiant. Une semaine après la mort de Paul Varry, 27 ans, écrasé par le chauffeur d'un SUV à Paris, un collègue, qui suivait le même trajet à vélo quelques secondes avant le drame s'est confié à BFM Paris Île-de-France.
Mardi 15 octobre dernier, aux alentours de 18 heures, les deux hommes sortent du local à vélo de l'immeuble où ils travaillent. Ce soir-là, Paul part le premier, suivi quelques secondes plus tard par son collègue.
Il évoque la vitesse du SUV
L'homme, encore sous le choc, a expliqué s'être lui-même retrouvé face au conducteur du véhicule.
"Je m'engage sur la rue de la Ville-l'Évêque qui donne sur le boulevard Malesherbes. Quand je m'engage, je vois qu'il y a un SUV qui déboule vraiment très vite et qui va dans la piste cyclable", relate-t-il.
Le cycliste a alors décidé d'éviter le véhicule. Il a manifesté sa colère face au comportement du conducteur. "J'ai eu peur et puis j'étais en colère contre lui puisque c'était une attitude dangereuse donc je me suis sorti de la piste cyclable pour l'éviter et en passant je lui ai fait un geste pour lui dire qu'il faisait n'importe quoi, que ça ne se faisait pas".
"Si j'étais passé 30 secondes avant, ça aurait été moi"
L'homme a dépassé le SUV et découvert que son collègue Paul se trouvait devant le véhicule à l'arrêt. "Quand je suis passé à côté de lui, il était à l'arrêt derrière Paul. Donc j'ai fait un sourire à Paul, genre, mais il est fou ce type. À ce moment-là, c'était calme, il n'y avait pas d'altercation, rien ne laissait prévoir que ça se passerait comme ça ensuite", précise l'homme.
"Cela m'a fait l'effet d'une balle dans le ventre. Je revois son sourire à Paul. Si j'étais passé 30 secondes avant, à sa place, ça aurait été moi, parce que je pense qu'un SUV qui vous écrase le pied pour sortir de la piste cyclable, la réaction normale c'est d'être en colère après lui".
Dans le cadre de l'enquête, le chauffeur a été mis en examen le 18 octobre dernier pour meurtre et a été placé en détention provisoire. En garde à vue, l'automobiliste est "effondré et hurle son innocence" sur le côté intentionnel, détaille son avocat, joint par BFMTV.