Une école affiche les noms des professeurs absents pour l'Aïd à La Courneuve, colère des parents d'élèves et syndicats

Jeudi 5 juin, la direction d'une école élémentaire de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a affiché sur un tableau une liste de huit enseignants absents le jour suivant en raison d'une "fête religieuse". L'intersyndicale dénonce ce mardi 17 juin "une atteinte grave à la vie privée". Le rectorat de Créteil assure que la crise a été gérée immédiatement et que le climat s'est apaisé depuis.

"Amalgame douteux", pour les uns et fâcheuse maladresse pour les autres. La direction d'une école élémentaire à La Courneuve a pris l'initiative, ce jeudi 5 juin, d'afficher une liste de huit enseignants absents le lendemain en raison d'une fête religieuse.

Cette année, l'Aïd el-Kébir, l'une des plus importantes fêtes musulmanes tombait le vendredi 6 juin.

Des parents d'élèves, choqués par la diffusion de cette liste ont immédiatement saisi l'inspectrice de l'Éducation nationale de la circonscription. Pour les services académiques, la direction a fauté.

"On peut afficher les enseignants absents pour informer les parents, mais en aucun cas, on ne peut donner des informations personnelles sur le motif de l'absence comme une raison médicale. Avec les règles sur la laïcité, c'est encore plus grave d'évoquer des raisons religieuses", précise le rectorat de Créteil à BFMTV.com.

Colère de l'intersyndicale

La ville de La Courneuve et les parents d'élèves ont fait part de leur émoi après cet affichage. Ce mardi 17 juin, un communiqué de quatre organisations syndicales d'enseignants en Seine-Saint-Denis (FSU, CGT, Sud et la CNT) dénonce "une atteinte grave à la vie privée et à la protection des agents. En exposant le motif de leur absence, pourtant parfaitement légal et autorisé par la hiérarchie, ces collègues ont été mis en danger".

L'intersyndicale y voit un acte islamophobe. Selon des proches du dossier, la direction a agi par maladresse.

Le rectorat de l'académie de Créteil assure qu'une réaction a été immédiatement apportée.

Pas de plainte à ce stade

"[L'inspectrice de l'Éducation nationale] a demandé à la direction de retirer la liste qui n'est restée affichée qu'une heure, a convoqué le chef d'établissement, indiqué qu'un rapport allait être fait et qu'il pourrait y avoir des suites".

En parallèle, les services académiques ont tenu les représentants des parents d'élèves et du personnel enseignant informés de l'incident. Quelques jours après, l'inspectrice s'est rendue à l'école pour rencontrer les professeurs et leur proposer des accompagnements.

"Cela peut prendre la forme d'une cellule d'écoute, de conseil sur la façon de communiquer auprès de la classe ou des parents d'élèves, ça peut être une protection fonctionnelle mais à notre connaissance, aucun n'a porté plainte", ajoute le rectorat qui précise que le climat scolaire s'est depuis apaisé.

Florent Bascoul