Île-de-France: le T11 touché par plusieurs conflits sociaux, le préavis de grève levé avant les Jeux olympiques

Le tram-train T11. - BFM Paris Ile-de-France
Un appel à la grève a été lancé samedi 20 juillet au soir par la CGT et Sud Rail pour les salariés du T11 de Transkéo, ligne reliant Épinay-sur-Seine au Bourget.
Cela fait suite aux négociations annuelles obligatoires (NAO). "Les augmentations qu'on nous propose sont insuffisantes", estime auprès de BFMTV.com un syndiqué de Sud Rail.
De plus, les salariés veulent obtenir une "prime JO". Selon le syndicat, la direction "minimise" l'impact qu'auront les Jeux olympiques pour les salariés. Pourtant, le T11 dessert les épreuves d'escalades au Bourget, le parc Georges Valbon à La Courneuve, où il y aura une fan zone ainsi que le village des médias à Dugny.
"À la SNCF ce qui a été négocié c'est 95 euros brut par journée de service et nous on nous propose que 40", explique le membre du syndicat. Ils souhaitent avoir "la prime JO, tout comme à la SNCF".
A la veille du début des Jeux olympiques, le préavis de grève a toutefois été levé. "Les organisations syndicales et la direction de Transkeo T11 ont signé ce mercredi 24 juillet 2024 un accord permettant de lever le préavis de grève", indique la direction, contactée par BFMTV.com. Elle précise que l'accord comprend "différentes mesures, notamment salariales" et qu'un service normal est prévu sur la ligne T11.
Quatre préavis de grève en cours
Malgré la levée de ce préavis de grève, celui-ci est loin d'être le premier ces derniers mois. Quatre préavis de grève courent en ce moment, dont un jusqu'à mars 2025. Une majorité des conducteurs a débuté un mouvement social le 2 avril dernier pendant plusieurs semaines.
Régulièrement, les conducteurs ont "débrayé" en début ou en fin de service pour faire valoir leurs droits dans un contexte de transfert de sociétés. Un mouvement social important puisqu'il y a eu environ 90% de grévistes sur la quarantaine de conducteurs que compte la ligne.
La raison principale de ce mécontentement: la création de la société Stretto. La SNCF et Keolis ont remporté en octobre dernier, l’appel d’offre d’Ile-de-France Mobilités pour l’exploitation du lot T4-T11. Stretto qui exploitera ces lignes dès le 22 mars 2025, prépare actuellement le transfert des salariés de la société Transkéo T11.
Une trêve du mouvement a été conclue entre les grévistes "luttant contre les inégalités du transfert" et la direction pour la période des NAO. Mais les salariés restent mobilisés s'ils n'obtiennent pas de réponses à leur revendication, un préavis de grève déposé par le syndicat Sud Rail Paris-Est court jusqu’au 21 mars 2025.
La nouvelle filliale Stretto pointée du doigt
L'un des points de blocage est donc la création de Stretto. À l'heure actuelle, les conducteurs du T4 sont considérés comme des salariés de la SNCF. Ce n'est pas le cas des conducteurs du T11.
"La future direction s’est engagée à maintenir les nombreux acquis sociaux des conducteurs SNCF créant ainsi de nombreuses inégalités subies par les salariés de la filiale Transkeo", dénonce un membre du syndicat Sud-Rail.
Les conducteurs du T11 revendiquent des améliorations des conditions de travail et l’accès aux facilités de transport du groupe.
Des revendications sur le temps de travail et le salaire
Une des autres revendications des salariés est liée au temps de travail. Avoir "un TTE équivalent à notre amplitude", "c'est-à-dire travailler 7h et être payé 7h", confie le membre du syndicat Sud-Rail.
Pour l'heure, les conducteurs ne sont pas payés quand ils sont en pause. Un conducteur témoignage anonymement à BFMTV.com et explique devoir faire un "service qui peut durer 8h30 et être payé 6h40".
Un groupe de travail a été formé pour discuter des revendications entre les salariés et la direction. "Nous l’objectif c’est de réduire l’amplitude, on n’a pas besoin d’avoir 2h de pause dans la journée", souligne le représentant de Sud-Rail.
En plus du temps de travail, trois conducteurs interrogés par BFMTV.com estiment que le salaire n'est pas à la hauteur de leur travail. "Le salaire n'est pas à la hauteur par rapport à la moyenne du ferroviaire et du travail que l'on effectue", juge l'un des conducteurs interrogé.
Un des salariés, en place depuis plusieurs années, signale l'important "turn over" chez les conducteurs. Pour lui, cette situation est due "aux conditions de travail désastreuses".
Le mouvement social "caché"?
Les conducteurs assurent également que la direction a voulu "cacher" le mouvement social aux usagers. "La grève a été camouflée", affirme le membre du syndicat. "Sur Twitter ils disaient qu’il n’y avait pas de trains car simplement les conditions de départ ne sont pas réunies", se souvient ce dernier.

Dans un tweet posté le 10 avril dernier, soit un peu plus d'une semaine après le début de la grève et des débrayages réguliers des conducteurs, le compte X du Tram T11 indiquait que le trafic était perturbé sur l'ensemble de la ligne en raison de "conditions de départ non réunies". A un usager qui se questionnait sur l'existence d'un mouvement social en cours, le compte du T11 répond pas la négative: "Il n'y a pas de mouvement social, mais des difficultés liées à un manque de personnel, nous contraints à supprimer des trams-trains tout au long de la journée".
Par la suite, le compte du T11 a évoqué régulièrement "un manque de personnel" et parfois un "mouvement social", comme le 11 mai dernier (hors problème technique NDLR). Régulièrement, aucune explication n'est fournie.