"Comité de censure au sein de la cité": une projection de Barbie annulée à Noisy-le-Sec face à des menaces de violences

Loin de la soirée-détente initialement annoncée, la ville de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) est au coeur des tensions. Ce vendredi 8 août, la municipalité avait organisé une séance de cinéma en plein air pour les habitants au cours de laquelle le film à succès Barbie de Greta Gerwig devait être projeté, dans le quartier Londeau.
Mais ce qui devait être un moment convivial, pour "celles et ceux qui n’ont pas la chance de partir en vacances", avait fait valoir le maire de la commune, Olivier Sarrabeyrouse (parti communiste), a finalement été annulé. En cause? "Un petit groupe du quartier" mécontent qui accuse l'oeuvre de Gerwig de nuire à l'intégrité des femmes et de promouvoir l'homosexualité.
"Quand certain.e.s accusent le film de 'mettre en avant des histoires de personnages lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels', d’autres condamnent une 'propagande néoféministe'", déclare l'élu dans un communiqué.
Ces arguments "fallacieux", ont été portés par une "extrême minorité de voyous", accuse le maire, dont les idées relèvent de l'"obscurantisme" et du "fondamentalisme".
Des agents menacés
Le film Barbie avait pourtant été sélectionné par les habitants du quartier eux-mêmes, comme il est coutume dans la commune depuis trois ans. L'occasion pour la mairie de "rassembler les générations" et de "promouvoir la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans un cadre agréable", rappelle Olivier Sarrabeyrouse.
"Dans le quartier du Londeau, Barbie est arrivé en tête, avec treize voix. Si ces personnes ne veulent pas de ce film, qu’elles utilisent les moyens démocratiques que nous mettons à disposition", au lieu de former un "comité de censure au sein de la cité", réagit le maire dans les colonnes du Parisien.
Selon l'élu, plusieurs agents ont reçu des menaces, les personnes réfractaires au film ayant assuré qu'ils empêcheraient le visionnage et démoliraient le matériel. "Comme ils se sentaient en danger, les agents m’ont appelé. C’est moi qui ai pris la décision d’annuler la séance", raconte Olivier Sarrabeyrouse au Parisien.
"Moi, ça ne me pose pas de problème"
Le film Barbie n'a pourtant pas l'air de tracasser tous les habitants. "Comme cela parle de sexualité, ils considèrent que ce n’est pas pour les enfants du quartier, explique Marie-Jeanne, une résidente du quartier. C’est un film où un homme peut être avec un homme, où les femmes portent des minijupes. Moi, ça ne me pose pas de problème parce que c’est la vie actuelle mais pour d’autres communautés, ça peut poser problème".
Du côté de l'opposition, le choix de projeter le film Barbie - 1,03 milliard de dollars au box office - relève du superflu. "Cette histoire, c’est une marque de rébellion contre le maire, dénonce Jean-Paul Lefebvre (divers gauche) dans le Parisien. Pour solde de tout compte, pour seule animation, on colle au quartier ce film sans intérêt".
Face à ce tollé, le maire Olivier Sarrabeyrouse appelle "Noiséen.ne.s" à la mobilisation pour défendre ce qu'il considère être les valeurs "progressistes", "émancipatrices", "humanistes" et "solidaires" de la ville. Il invite également ses concitoyens à faire preuve de vigilance, en privilégiant le dialogue.
"Je ne tolérerai pas de zones de non-droit culturelles dans notre ville et poursuivrai ce pour quoi nous avons été élu.e.s: créer du commun dans notre commune", assure-t-il, indiquant porter plainte.