Métro à Paris: Jean Castex fustige un réseau de transport "obsolète"

Le PDG de la RATP Jean Castex lors d'un exercice de simulation au centre de formation GPSR à Paris, le 20 février 2023 (image d'illustration). - Alain JOCARD © 2019 AFP
Le temps presse. À 233 jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, une question cristallise encore les débats: les transports franciliens seront-ils prêts?
Directement concerné par la question, Jean Castex, désormais président de la RATP, a fait un état des lieux des lignes de transport en commun dans les colonnes des Échos.
"Nous avons un réseau obsolète. Il y a au moins huit lignes sur dix qui ne sont plus en état d'assurer un service public de qualité. Nous payons quarante ans de sous-investissement dans les transports, avant ceux décidés par Valérie Pécresse", a-t-il indiqué auprès de nos confrères.
"Ce qui va compter, c'est la mobilisation des équipes"
Pour l'ex-locataire de Matignon, les agents seront primordiaux pour assurer la réussite des Jeux olympiques sur le volet des transports. "Ce qui va compter, c'est la mobilisation des équipes", précise Castex aux Échos.
Pourtant, mardi 5 décembre, Île-de-France Mobilités (IDFM) pointait du doigt les problèmes de ressources humaines. Dans un communiqué, le syndicat des transports franciliens a indiqué que, sur certaines lignes, les problèmes de ressources humaines représentent "près de 50% de la production non réalisée".
Les problèmes de recrutement à la maintenance, souvent rappelés par la RATP, "sont responsables de plus de 20% de métros qui ne roulent pas" sur la ligne 8.
IDFM impute également ces difficultés dans le réseau sous-terrain avant tout à une "indisponibilité des conducteurs (absentéisme, maladie...)", alors que la RATP se contente de pointer du doigt la forte hausse du nombre de bagages abandonnés. Ils ne sont responsables que de 9% de l'offre non réalisée, d'après IDFM.
Valérie Pécresse, présidente d'IDFM, a tenu à rappeller à la RATP "la nécessité de remonter la pente" alors que seules quatre lignes du métro "ont des résultats satisfaisants". Jean Castex "s'était pourtant engagé" à rétablir une offre de transport correcte "dès cet été", insiste-t-elle dans son communiqué.
Cinq grandes lignes en grande difficulté
Elle réclame le retour de l'ensemble des lignes "à ses objectifs contractuels de ponctualité dans les plus brefs délais". D'après son communiqué, cinq lignes sont en grande difficulté "avec une ponctualité à l'heure de pointe inférieure à 85%". "Ce sont des taux d'irrégularité qui n'existaient pas avant le Covid", déplore IDFM. Il s'agit des lignes 3, 6, 7, 8 et 13.
En outre, la ligne 12, dont les résultats s'étaient pourtant redressés, "est redescendue sous les 90%" de ponctualité. Seules les lignes 1, 5, 11 et 14 donnent satisfaction, tandis que les lignes 2, 4, 9 et 10 sont "proches de l'objectif".
Sur le RER, trois lignes sont pointées du doigt: la B, la C et la D. Si le RER C est "en redressement", le manque de conducteurs conduit à la suppression de trop nombreux trains.
En revanche, les RER B et D "restent en difficulté, comme les mois précédents, avec des résultats à 85% de ponctualité". IDFM a d'ores et déjà annoncé des dédommagements pour les usagers de ces lignes, "atteignant un mois de pass Navigo".
La ligne 14, grand espoir des JO
Alors que les lignes 15, 16, 17 et 18 ne seront pas prêtes à l'été 2024, le grand espoir repose sur la ligne 14. Si elle figure parmi les lignes les plus satisfaisantes, des travaux ont été prévus. Cette dernière, qui dessert notamment trois gares parisiennes (Bercy, Lyon et Saint-Lazare) est prolongée pour pouvoir relier d'ici les JO 2024 l'aéroport d'Orly au sud de Paris, à Saint-Denis, au nord, où se déroulent de nombreuses épreuves.
L'objectif: moderniser le pilotage automatique des trains. "Le système de pilotage automatique des trains doit être modernisé sur la ligne existante et déployé sur la ligne prolongée afin d'accueillir 1 million de voyageurs par jour en 2024", précise la RATP.
Le prolongement au sud d'une longueur de 14 kilomètres comprend sept nouvelles stations, et devrait permettre de relier le centre de Paris à Orly en 30 minutes. La ligne desservira notamment la vallée scientifique de la Bièvre, où se concentrent des CHU, des laboratoires de recherche, et le pôle Orly-Rungis. Les travaux de génie civil ont commencé en 2018.
Et Stéphane Garreau, directeur d'opération du prolongement, l'assure auprès des Échos: la ligne 14 sera prête et opérationnelle. "En 1998, la 14 n'avait pas été prête pour la Coupe du monde de football. Cette fois, on sera prêts pour les JO", a-t-il indiqué à nos confrères.