Paris: les riverains excédés par les nuisances de la prison de la Santé, la préfecture de police se défend

La préfecture de police est revenue sur les nuisances liées à la prison de la Santé, qui exaspèrent les riverains. Elle assure mettre des contrôles en place et explique qu'un projet anti-intrusion est en cours.

Ils sont exaspérés. Les riverains résidant près de la prison de la Santé, située dans le 14e arrondissement de la capitale, ont écrit une lettre au ministre de l'Intérieur le 28 juillet dernier pour alerter sur leur situation, rapporte Le Figaro. Depuis la réouverture de la prison en 2019, les voisins se plaignent de nuisances sonores et visuelles.

Régulièrement, ils sont témoins de jets de colis au-dessus des enceintes de l'établissement, insultes, et même de trafic de drogue. "Chaque soir, à heure fixe, que ce soit à 6h, 7h ou 8h, les détenus en semi-liberté rentrent. Ils stagnent et se regroupent en bas, ce qui fait une espèce d'îlot d'insécurité", raconte un riverain au micro de BFMTV.

Il affirme aussi que les détenus "planquent pas mal de choses dans leur pantalon et leurs vêtements, donc ça peut être de la nourriture, mais aussi de la drogue. On a assisté la semaine dernière à une conversation entre deux détenus qui parlaient de la qualité de l'herbe qui allait rentrer à l'intérieur".

Dans cette lettre, les riverains assurent se sentir abandonnés par l'administration pénitentiaire et les forces de l'ordre.

"On demande le rétablissement de rondes peut-être pas permanentes, mais on connaît les heures. Ce sont les heures de sortie du matin des semi-libertés et de rentrée. Dans cette tranche-là, (il n'y a) rien, personne. Et si on appelle le 17, il nous faut 10-15 minutes avant que quelqu'un ne nous réponde", explique Jean-Pierre Boivin, trésorier de l'association des riverains de la prison de la Santé.

Des contrôles "de jour comme de nuit"

Contactée par BFMTV, la préfecture de police de Paris se défend et explique que "des travaux bâtimentaires" ont été effectués par l’administration pénitentiaire pour réduire les nuisances aux habitants". Elle évoque également un projet anti-intrusion "en cours d'étude".

En ce qui concerne le terrain, elle assure que le site fait l'objet "d'une vigilance particulière" avec des rondes et des contrôles effectués "de jour comme de nuit".

La préfecture indique qu'il y a une "attention constante par vidéo-patrouille", ce que regrette un habitant, interrogé par nos confrères. "Tout ça se passe sous les yeux des caméras. On est passé d’une sécurité publique réelle à une sécurité publique virtuelle", juge ce dernier.

Les autorités indiquent également que le "commissariat local maintient un niveau d’attention élevé sur les abords du site afin de lutter contre les phénomènes de délinquance et les nuisances associées durement ressenties par les riverains".

287 personnes arrêtées aux abords depuis janvier 2022

La préfecture de police fournit des chiffres. "Depuis le 1er janvier 2023, les effectifs de police ont été requis 31 fois par des riverains ou le personnel du centre pénitentiaire, notamment pour des jets de colis dans l’enceinte de la prison, des tirs de feu d’artifice ou de pétards, des personnes suspectes filmant l’extérieur de la prison, ou des distributions de tracts par des associations ou individus", précise la préfecture.

Elle fait savoir que ces méfaits conduisent "à des contrôles, verbalisations ou interpellations", si besoin.

De plus, depuis le 1er janvier 2022, "en complément de l'activité quotidienne, 11 opérations spécifiques de sécurisation ont été réalisées par les effectifs de police du 14e arrondissement aux abords de la Maison d’Arrêt". Enfin, depuis la même date, "287 interpellations ont été effectuées sur le secteur", après des signalements.

De son côté, la Prison de la Santé affirme dans un communiqué que la pose d'un filet de sécurité est à l'étude afin de permettre les jets de colis et donc les allées et venues dans le quartier.

Alicia Foricher