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Paris: le militant écologiste qui a mis en berne le drapeau du Panthéon explique son geste

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Le militant justifie un geste qui symbolise le "deuil" pour toutes les personnes victimes des conséquences du changement climatique.

"Une action hautement symbolique." Le militant écologiste du collectif Dernière Rénovation, qui s'était attaché lundi matin au drapeau du Panthéon avant de le mettre en berne pour dénoncer l'inaction du gouvernement concernant le changement climatique, revient sur son action.

"Ça veut dire qu'à l'heure où je vous parle, on devrait être tous et toutes en deuil pour les millions de personnes qui meurent tous les ans de notre inaction et des conséquences du dérèglement climatique", explique Sasha, invité ce mardi sur le plateau de BFMTV.

"Il nous reste 2-3 ans pour réellement agir"

Le militant écologiste de 24 ans justifie un geste qui a pour objectif de faire réagir face à la réalité du changement climatique. Il mentionne notamment le rapport du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

"Tous les scientifiques et le rapport du Giec sont assez clairs: il nous reste 2-3 ans pour réellement agir avant qu'on aille vers ces points de non-retour."

Le militant dénonce par ailleurs une inaction du gouvernement face au changement climatique. "Les solutions, elles existent déjà. Ce qui nous manque aujourd'hui, ce n'est pas les solutions, c'est la volonté politique."

Il se satisfait toutefois du vote hier à l'Assemblée nationale d'un amendement du budget de 6,8 milliards d'euros supplémentaires pour la rénovation thermique des logements, preuve selon lui que les actions comme celle qu'il a menée lundi sont efficace.

"Il n'y a que ça qui marche"

Une efficacité toutefois remise en cause au lendemain de plusieurs actions de militants écologistes. Lundi soir, des membres du collectif Dernière Rénovation ont bloqué le pont de Sèvres, à Boulogne-Billancourt, en pleine heure de pointe, qui a engendré de nombreuses tensions avec les automobilistes.

"C'est violent, ce que vous faites", déclarait hier soir un conducteur excédé aux militants écologistes. "Parce que moi, ma maison, elle est parfaitement isolée, donc allez voir le gouvernement, mais n'allez pas voir les pauvres particuliers."

Des actions qui sont certes gênantes, mais nécessaires pour le climat, estime Sasha. "La réalité, c’est que le temps de faire de la pédagogie était il y a trente-quarante ans. Le combat de ma génération, c’est de faire réagir, de faire agir. C’est très désagréable de devoir perturber, de devoir mettre son corps en travers de la route, mais il n’y a que ça qui marche", assure-t-il.

Des actions contre-productives?

Le débat sur les opérations des militants écologistes, parfois jugées contre-productives, se ravive depuis quelques semaines. Notamment depuis que deux membres du collectif britannique Just Stop Oil ont jeté de la soupe à la tomate sur un tableau de Van Gogh à la National Gallery de Londres, le 14 octobre dernier.

Des actions qui divisent parfois au sein même des militants, experts et scientifiques. "Ce n’est pas en s’attaquant au beau que l’on va sensibiliser au vivant", déclarait François Gemenne, politologue et co-auteur du dernier rapport au Giec, à nos confrères de Ouest-France en octobre dernier.

"Vous avez toute une partie de la population qui ne se reconnaît pas dans le mouvement climat, et ce type d’actions va les rebuter plus qu’autre chose", poursuit-il. Sur Twitter, il explique toutefois qu'il "faut avoir l'humilité d'admettre qu'il est difficile de savoir ce qui fonctionne ou pas", en termes d'actions militantes.

L'expert salue toutefois l'action de Sasha au Panthéon. "Un symbole fort. Bravo à Dernière Rénovation de rappeler l'urgence et l'impératif d'un plan massif de rénovation énergétique des bâtiments", écrit-il sur Twitter.

La victoire des 6,8 milliards d'euros supplémentaires votés lundi pour les rénovations thermiques pourrait toutefois être de courte durée: le gouvernement aura la possibilité d'écarter cet amendement en recourant au 49.3 pour cette partie du budget.

Laurène Rocheteau