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Paris est la ville européenne où le risque de mourir de chaud est le plus élevé

La tour Eiffel et le soleil - Image d'illustration

La tour Eiffel et le soleil - Image d'illustration - JOEL SAGET / AFP

Une étude publiée au mois d'avril par The Lancet Planet Health compare les grandes agglomérations selon leur taux de surmortalité en période de températures extrêmes.

Les Parisiens le savent: la capitale prend des allures de fournaise lorsque l'été arrive. Et devient presque irrespirable en période de canicule. Les fortes températures peuvent avoir des conséquences dramatiques, en particulier pour les personnes âgées ou à la santé fragile, et parfois leur coûter la vie.

Une étude réalisée ce mois-ci par The Lancet Planet Health, et mise en lumière par Le Point, permet de comparer les grandes villes européennes selon leur excès de mortalité en cas de températures extrêmes, qu'elles soient chaudes ou froides, par rapport aux périodes où l'on observe des températures dites "de confort".

854 villes et zones urbaines, réparties sur 30 pays du Vieux Continent, ont été passées à la loupe entre le 1er janvier 2000 et le 12 décembre 2019. Sur cette période, le froid est à l'origine de la mort de 203.620 personnes par an en moyenne, contre 20.173 pour le chaud. Une tendance amenée à évoluer avec le changement climatique.

L'exemple de la canicule de 2003

Il ressort de l'étude que c'est à Paris que l'impact des fortes températures fait le plus grandir le taux de mortalité, toutes catégories d'âge compris, notamment chez les personnes de 85 ans et plus, avec une multiplication par 1,6 en moyenne. Amsterdam et Zagreb suivent de près la capitale française.

À titre de comparaison, "lors de la canicule de 2003, la ville de Paris avait recensé une surmortalité de 141%, contre 40% en moyenne dans les petites/moyennes villes, en raison des fortes températures", note Kévin Floury, journaliste météo à BFMTV.

"Les villes les plus vulnérables à la chaleur sont les plus grosses villes, l’effet d’îlot de chaleur urbain (ICU) est très fort. Il peut y avoir des différences de dix degrés entre Paris et les villes environnantes", explicite Pierre Masselot; auteur principal de l'étude et chercheur à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, à 20 Minutes.

La capitale française n'est pas aidée non plus par son taux d'urbanisation et son nombre relativement faible d'espaces verts. Les surfaces urbaines retiennent également plus de chaleur.

Vers une multiplication des vagues de chaleur

C'est en revanche à Londres que la surmortalité liée au froid est la plus élevée, loin devant les autres grandes villes européennes, avec une multiplication par plus de 2. À Paris, on estime ce taux à environ 1,6.

"Les personnes âgées sont beaucoup plus vulnérables au froid, là où la chaleur va impacter tout le monde", souligne Pierre Masselot auprès de nos confrères.

À Paris, l'arrivée des températures glaciales l'hiver rime avec le déclenchement du Plan grand froid, lequel prévoit des mesures d'urgence, notamment à destination des personnes privées de toit.

Les canicules étant amenées à rythmer les étés à venir, un "Plan grand chaud" verra prochainement le jour. "Paris pourrait connaître des vagues de chaleur en moyenne 34 jours par an d'ici 2080, contre 14 jours par an dans les années 2010", rappelle l'Agence France-Presse (AFP).

Débitumer et peindre certains toits

Débitumer les rues de Paris, peindre certains toits en clair et ombrager les grandes places: voilà certaines des 85 recommandations figurant dans le rapport de la mission d'information et d'évaluation "Paris à 50°C", rendu public lundi.

L'objectif de ce dossier: préparer la capitale "à des changements majeurs dans la durée, la fréquence, l'intensité et le positionnement des canicules dans l'année".

Les recommandations listées par la mission d'information et d'évaluation "Paris à 50°C" pourront être intégrées à deux textes actuellement révisés par l'exécutif de gauche, le Plan local d'urbanisme (PLU) et le Plan climat. Ils devraient être présentés au conseil municipal en juin et juillet.

Florian Bouhot