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Paris: 149 sans abri "laissés sans solution d'hébergement" logés une nuit à l'académie du climat

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Dans un communiqué publié ce mercredi 7 février, le mouvement Générations a dénoncé "une éviction sèche" des sans abri de la part de la préfecture.

149 personnes sans-abri sans solution d'hébergement ont passé la nuit à l'académie du climat - lieu de conférences et débats situé dans le 4e arrondissement de Paris -, entre le 6 et le 7 février.

Dans un communiqué publié ce mercredi, Léa Filoche, coordinatrice nationale du mouvement Générations et adjointe en charge des solidarités à la mairie, a déploré "une éviction sèche, sans mise à l'abri, de jeunes installés en campement sur les quais de Paris Centre".

Mardi 6 février dans l'après-midi, la préfecture de police a évacué le campement "sans information ni concertation avec la ville de Paris", assure l'adjointe, qui évoque "des affaires éparpillées" par les forces de l'ordre. Une manifestation était alors en cours à l'Hotêl de ville pour solliciter une prise en charge des personnes sans-abri.

Dans la foulée, Léa Filoche ajoute que le groupe délogé a bénéficié du soutien de bénévoles et d'associations pour s'introduire dans l'académie du climat. La municipalité a alors autorisé les "149 jeunes présents à l'académie du climat à passer la nuit sur place". Léa Filoche précise que "des lits picots ont été installés et des repas ainsi que des couvertures distribués".

"Depuis des mois, j'appelle l'État à augmenter les places d'hébergement. Il en faudrait au moins 3.000", a déclaré Anne Hidalgo, lors du conseil de Paris ce mercredi 7 février.

Dans son communiqué, l'adjointe à la maire Léa Filoche attend désormais des réponses de la préfecture de police, rappelant que la prise en charge de ces jeunes relève de sa compétence.

Le motif de flagrance contesté

La cheffe de file des écologistes au Conseil de Paris Fatoumata Koné a même évoqué "un nettoyage social" opéré par les forces de l'ordre et dénoncé une "violence d'État inouïe". L'élue a assuré que ces jeunes sont présents à la rue depuis plusieurs mois et s'est interrogée sur le cadre juridique de l'intervention des forces de l'ordre.

En réponse, Laurent Nuñez a de son côté estimé que l'intervention s''était déroulée dans le cadre de "la flagrance".

"Lorsqu'il est porté à ma connaissance qu'il y a constitution d'un campement précaire au moment où ce campement est en train de s'installer, moi dans le cadre juridique de la flagrance, je suis fondé à intervenir et à mettre un terme à cette occupation", a répondu le préfet de police lors du Conseil de Paris.

"L'action ne se démarque pas de ce que l'on fait depuis des années. Vous tentez de travestir la réalité. La plupart des opérations que nous menons sont des actions de mise à l'abri", a-t-il poursuivi.

Une intervention qui n'a pas convaincu Léa Filoche qui a de son côté indiqué que les personnes concernées étaient déjà présentes lors du décomptage des personnes à la rue lors de la nuit de la Solidarité fin janvier dernier.

Au micro de BFM Paris Île-de-France, la présidente du groupe écologiste Fatoumata Koné a estimé que le préfet de police "a menti dans l'hémicycle", au Conseil de Paris. "Nous avons des preuves et des photos. Pendant la Nuit de la solidarité, ces tentes étaient déjà présentes. Son motif juridique est faux", a renchéri l'élue.

Augustin, coordinateur de la structure Chez Utopia 56 - association d'aide aux étrangers en situation irrégulière - parle également d'"une expulsion illégale".

Fatoumata Koné a annoncé saisir la Défenseure des droits Claire Hédon. Ce mercredi soir, les personnes évacuées sont prises en charge par la ville dans deux gymnases dans le 8e et le 17e arrondissement.

Milan Busignies