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Paris Île-de-France

"On touche le fond": 200 élèves sans professeurs à Gennevilliers, les parents d'élèves en colère

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En tout, huit professeurs manqueraient encore à l'appel dans les établissements de la commune. Les parents d'élèves regrettent cette situation alors que la majorité des établissements de la ville sont classés "REP+".

"CM1 sans enseignants, parents survoltés". Devant les écoles de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), les affiches de ce genre sont de plus en plus nombreuses. La raison: dans cette ville de plus de 50.000 habitants, 200 élèves de primaires et de maternelles sont encore sans professeurs depuis la rentrée scolaire.

"Ça devient compliqué pour tout le monde. On touche le fond", lance Sabrina Agaba, représentante des parents d'élèves de l'une des écoles de la ville au micro de BFM Paris Ile-de-France.

"Le jeudi et vendredi, il n'y a personne"

En tout, huit professeurs manquent encore à l'appel dans ces établissements. Une situation qui exaspère, d'autant plus que la majorité des écoles de la ville sont classées "REP +" (réseau d'éducation prioritaire). Un classement qui, en théorie, prévoit une meilleure prise en charge éducative des élèves, avec des temps d'accompagnement plus importants.

À l'école élémentaire Paul Langevin, les élèves de la classe de CE2 B n'ont pourtant qu'une maîtresse, deux jours par semaine.

"Le lundi et le mardi, il y a une maîtresse. Le jeudi et le vendredi il n'y a personne alors on est répartis dans les classes", explique Morgane, une des élèves.

"C'est comme ça depuis le début de l'année. On est arrivé le 31 août, on voit la liste avec toutes ses copines, mais on ne voit pas le nom d'un professeur", regrette Pascale, mère de la jeune fille.

Depuis le début de l'année, Morgane et ses camarades ont aussi vu défiler trois remplaçants. "C'est dommage car les enfants ne savent pas à qui s'identifier pour mieux apprendre. On veut juste des professeurs", ajoute-t-elle.

Pour dénoncer cette situation, certains parents d'élèves sont rentrés dans l'école pour "faire classe" eux-mêmes.

Les parents font appel à l'Éducation nationale

Pour les élèves dont les enseignements sont assurés, la situation est aussi compliquée. "Ils se retrouvent avec des petits camarades au fond de la classe. Ce sont des ambiances assez bruyantes et c'est difficile pour eux de se concentrer. Ça devient plus une garderie qu'une salle de classe", grince Farid, parent d'élève.

Face à cela, les équipes enseignantes sont dépassées. "On a une équipe éducative qui commence à baisser les bras alors que ça fait des années qu'ils sont au taquet", pointe Sabrina Agaba. Et dans cette ville des Hauts-de-Seine, la situation pourrait s'empirer. Dans certaines écoles, plusieurs congés maternité ont été posés et ne seront pas remplacés.

Invité de France Inter le 31 août dernier, Gabriel Attal, nommé à l'Education nationale le 20 juillet, affirmait qu'il y aurait "un professeur devant chaque élève" pour cette rentrée 2023.

Une promesse qui ne semble pas s'appliquer dans les écoles de Gennevilliers et qui inquiète. "On fait vraiment appel à l'Éducation nationale", renchérit Sabrina Agaba.

Chloé Berthod et Bettina de Guglielmo avec Martin Regley