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Narcotrafic: "la situation nous échappe" selon Laurent Nunez, qui déplore la "diffusion de réseaux marseillais"

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Alors que des exactions liées au narcotrafic se multiplient partout en France, le préfet de police de Paris tire la sonnette d'alarme sur le trafic de stupéfiants dans l’Hexagone.

Ces dernières semaines, la France est le théâtre de fusillades liées au narcotrafic, à Rennes, Poitiers ou encore à Grenoble. Invité de BFMTV, ce dimanche 10 novembre, le préfet de Police de Paris, Laurent Nuñez, est revenu sur la lutte contre le narcotrafic en France. "Est-ce que la situation nous échappe? Oui, elle nous échappe", a-t-il déclaré.

Malgré ce constat, le préfet de la police souhaite tout de même mettre en avant les actions des forces de l’ordre face à ces exactions. "Il y a encore quatre ans, on avait 513 points de deal dans ma zone de compétence [l'agglomération parisienne] et il n’y en a plus que 311", indique-t-il à BFMTV.

"Depuis le début de l’année, on a saisi 10 millions d’avoirs, donc on a des résultats [...] Mais est-ce qu'il y a un sentiment de dépassement? Oui, parce que, quels que soient les bons chiffres que nous avons, on constate que les saisies augmentent, donc que le trafic continue", ajoute-t-il.

Depuis plusieurs années, la lutte contre le narcotrafic est devenue plus difficile, car d’autres activités illicites se sont développées autour du trafic de la drogue.

"Il y a d’autres formes de délinquance qui se développent, comme la séquestration, le cambriolage et les règlements de comptes", déclare Laurent Nuñez .

Changer de "dimension" dans la lutte

Lors de son déplacement à Rennes, où plusieurs règlements de comptes ont eu lieu, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait employé le terme de “mexicanisation du pays”. Un parallèle avec les méthodes des cartels mexicains qui a été reproché au résident de la place Beauvau. Pour Laurent Nuñez, l’utilisation de ce terme est surtout un signal d’alarme.

"Cela veut dire que si on ne change pas de dimension, il y a le risque d’arriver sur une prégnance tellement forte des réseaux et des trafiquants que l’on arriverait à une atteinte des intérêts fondamentaux de l’État", souligne le préfet à BFMTV.

Laurent Nuñez a aussi réagi à la mort de deux jeunes hommes à en Ardèche et dans la Vienne dans laquelle seraient impliqués des clans marseillais qui souhaitent étendre leur influence territoriale. "Il y a une diffusion des réseaux marseillais qui cherchent à s’étendre", souligne l’ancien préfet des Bouches-du-Rhône.

Pour lutter contre l'expansion du narcotrafic en France, Laurent Nuñez estime qui faut passer "dans la même logique" que pour la lutte contre le terrorisme. "Il faut un chef de file puissant et imposer une coordination entre les services, souligne le préfet. La lutte de trafic de stupéfiants est une guerre. On gagne des batailles et on en perd, mais on va continuer", conclut-il.

Sylvain Allemand