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La Famille: ce que le rapport de la Miviludes nous apprend sur la communauté secrète parisienne

Image d'illustration - Une famille sur les toits de Paris

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Dans son dernier rapport portant sur l'année 2021, la Miviludes révèle avoir reçu 23 saisines concernant La Famille, cette communauté secrète vieille de deux siècles et vivant à Paris.

Depuis 2015, La Famille, cette communauté secrète vieille de deux siècles qui vit en plein coeur de Paris, a fait l'objet de 23 saisines auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), écrit-elle dans son dernier rapport de 2021 publié mercredi. Parmi ces saisines, deux sont des témoignages de membres ayant quitté le groupe, six de particuliers interpellés par le sujet et quatre constituent des échanges institutionnels.

"Un cadre dogmatique fort"

Dans son rapport, la Miviludes revient sur l'organisation de cette communauté "sans existence légale et pourtant licite", expliquant que La Famille "n'a jamais cherché à obtenir le statut d’association cultuelle, puisqu’elle cherchait à tout prix à rester cachée de la 'gentilité'". Elle fonctionne "grâce à un cadre dogmatique fort", notamment l'obligation qui consisterait pour les membres à se marier uniquement au sein de la communauté.

"Ce lien de filiation unit tous les membres entre eux. L’existence de ce lien étant la condition indispensable d’appartenance au groupe, il n’y a aucun prosélytisme. Cette parenté des membres crée une identité forte et un espace de solidarité et de protection vis-à-vis du monde extérieur", écrit l'organisme.

L'organisme souligne que si, dans la loi française, "le mariage est prohibé entre tous les ascendants, les descendants et les alliés dans la même lignée, même en cas d’adoption", il est autorisé "entre belle-sœur et beau-frère, entre cousins, entre oncle et nièce adoptive ainsi qu’entre tante et neveu adoptif".

"L’impossibilité de connaître le degré de parenté dans les mariages pratiqués au sein de La Famille ne permet pas de pouvoir affirmer si ces unions sont en conformité ou non avec la loi", reconnaît cependant la Miviludes.

"Une réticence à recourir aux acteurs de la santé"

Le fonctionnement de cette communauté "présenterait des risques importants pour les droits de l'enfant", conjecture la Miviludes. Le droit à la santé de l'enfant "est protégé au niveau national et international" et "assurer sa santé fait partie des obligations comprises dans l'autorité parentale", rappelle-t-elle.

Or, "la principale problématique liée à cette pratique éventuelle des mariages consanguins serait la multiplication des pathologies et des handicaps au sein de La Famille. Ces problèmes de santé sont attestés par les témoignages de plusieurs personnes ayant quitté cette communauté".

De plus, "une réticence à recourir aux acteurs de la santé" accentue "les problématiques de santé présentes dans la communauté". Selon l'organisme, "les conséquences seraient alors extrêmement préoccupantes concernant l’état de santé à la fois physique et mentale des mineurs car cela pourrait relever d’une privation de soin mettant directement en cause les parents ou toute personne ayant autorité sur eux".

Atteintes à l'éducation?

Concernant l'éducation des enfants, qui fait également partie des droits protégés au niveau national et international, le fait qu'une minorité d'entre eux recevrait une instruction à domicile interroge la Miviludes. Car cette pratique légale "nécessite des contrôles opérés conjointement par le maire territorialement compétent et la Direction académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) afin de prévenir les insuffisances compromettant l’acquisition du socle obligatoire et tous risques d’exclusion des enfants suivant une instruction à domicile".

Par ailleurs, selon des témoignages, La Famille "semble imposer un parcours scolaire et professionnel aux enfants de la communauté". Or, "cette absence de choix subie par les mineurs constituerait une rupture du principe de l’égalité des chances de l’Éducation nationale et une perte de chance de l’enfant quant à son avenir professionnel".

Clément Boutin Journaliste BFMTV