Île-de-France: dans quels métiers seront les postes à pourvoir jusqu'en 2030?

Locomotive du marché du travail hexagonal, l'Île-de-France comptait près de 6 millions de personnes en emploi en 2019, soit plus d'un travailleur sur cinq à l'échelle nationale. D'après la dernière étude de la direction de l'animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares), la région parisienne aura un déséquilibre potentiel entre ses besoins de recrutement et ses ressources de main d'oeuvre sur la période 2019-2030 qui sera égal à 5% de ses emplois en 2019.
Par rapport à la situation nationale et en proportion, l'Île-de-France devrait se caractériser sur la décennie en cours par une faible progression des créations nettes d'emplois, des départs en fin de carrière moins importants ainsi qu'une part plus conséquente de jeunes débutant leur carrière professionnelle.
"Cette situation renvoie aux conditions favorables du marché du travail francilien ainsi qu’à l’offre d’enseignement supérieur très riche qui y est proposée : l’insertion professionnelle des jeunes Franciliens les plus diplômés y est meilleure qu’en province", explique l'entité rattachée au ministère du Travail.
Les postes à pourvoir seraient d'autant plus nombreux que la région parisienne est la plus touchée par les phénomènes de départs d'actifs en emploi vers d'autres territoires. Une situation similaire à la façade atlantique.
D'importants besoins de recrutement chez les cadres et les agents d'entretien
Dans le détail, ce sont les métiers d'ingénieurs (+38.000 en informatique et +21.000 dans l'industrie), de cadres du privé (+35.000 dans les services administratifs, comptables et financiers, +22.000 dans le BTP et +19.000 dans le commerce) et d'aides à domicile (+14.000) qui devraient créer le plus d'emplois en Île-de-France à l'horizon 2030, une tendance observable à l'échelle nationale.
En revanche, la région parisienne se distinguerait du territoire métropolitain sur les métiers de conducteurs de véhicules et les professionnels de la communication et de l'information qui généreront davantage de créations de postes.
Mais ces gros créateurs d'emplois ne correspondent pas forcément aux métiers qui auraient les plus forts besoins de recrutement sur la période 2019-2030 en Île-de-France. Ainsi, ce sont les postes de cadres des services administratifs, comptables et financiers qui seraient les plus nombreux à pourvoir sur cette période (un peu plus de 120.000), suivi des agents d'entretien et des cadres commerciaux et technico-commerciaux (respectivement au-delà des 80.000 postes à pourvoir).
Selon les métiers en question, les postes seront surtout à pouvoir à la suite de départs en fin de carrière ou plutôt en raison de créations nettes d'emplois comme c'est le cas à hauteur d'environ 50% pour les aides à domicile ou les ingénieurs de l'informatique ou encore cadres techniques de l'industrie. Petite particularité francilienne, les métiers de cadres de la fonction publique et de personnels d'études et de recherche apparaissent parmi les 10 qui auront les plus forts besoins de recrutement entre 2019 et 2030.
Des métiers déséquilibrés qui attirent peu les jeunes débutants
Souvent corrélés, cinq des dix métiers qui affichent les déséquilibres positifs entre besoins de recrutements et ressources de main d'oeuvre les plus élevés font partie de ceux ayant les plus forts besoins de recrutement en Île-de-France.
"Pour autant, ils afficheraient également un nombre élevé de postes non pourvus par les jeunes débutants, qui sont peu nombreux à rejoindre ces professions", indique la Dares.
"Ce sont en effet des métiers plutôt exercés en seconde partie de carrière ou qui ont du mal à attirer en raison de conditions de travail contraignantes ou qui sont accessibles après une montée en qualification", ajoute le rapport.
Déjà fortement tendu, ces métiers déséquilibrés devraient voir leurs difficultés de recrutement s'accentuer en cas d'inaction. Concernant le cas des ingénieurs en informatique, des cadres et des personnels d'études et de recherche, les tensions actuelles sur les recrutements pourraient se maintenir d'ici la fin de la décennie.
"Les besoins importants dans ces métiers qualifiés sont renforcés par le départ des professionnels vers d’autres régions, précise la Dares. Ces postes qualifiés pourraient comme par le passé être pourvus par des actifs déjà en poste après une promotion (passage de techniciens à cadre): c’est par exemple un mode de gestion de la main-d’œuvre pratiqué dans le domaine de la banque et des assurances."