"Il ressort de sa bulle": À l'hôpital de Bondy, des consultations pour sevrer les enfants des écrans

"Comment il a été gardé, au début? C'est vous qui le gardiez, madame?". Lors d'une consultation au sein de l'hôpital de Bondy (Seine-Saint-Denis), les questions se succèdent entre la pédiatre et une mère de famille ce mercredi 21 février.
L'objectif? Permettre à la docteure de comprendre pourquoi, à trois ans et demi, l'un de ses jeunes patients n'arrive pas encore à prononcer des phrases claires. Selon la Dr Sylvie Dieu Osika, le diagnostic est clair: une addiction aux écrans depuis son plus jeune âge.
"On était en plein Covid, on ne sortait pas et on s'ennuyait. Donc on mettait la télé, et lui aussi il était là, il regardait la télé toute la journée", explique au micro de BFMTV Sissoko, mère d'un enfant en sevrage d'écrans.
"Mon enfant ne parle pas"
Pour remédier au problème, les parents ont remisé leur écran de télévision à la cave en septembre dernier, remplacé par des jeux. Une solution, qui pourrait aider d'autres parents venus avec leurs enfants consulter cette pédiatre. "Ils viennent en disant: 'Mon enfant ne parle pas, mon enfant ne parle pas bien. Je ne comprends pas ce qu'il dit'", explique la Dr Sylvie Dieu Osika.
Elle poursuit: "Ou alors, et là, c'est encore plus facile d'émettre le diagnostic: 'il parle une nouvelle langue', ils ne le disent pas comme ça, c'est moi qui l'interprète, qu'on l'appelle le 'YouTublish'. C'est-à-dire que les parents disent 'il fait one-two-three, il fait les couleurs en anglais, ou alors il fait l'alphabet'".
Dans cet hôpital de Seine-Saint-Denis, les consultations sont réservées aux enfants de moins de quatre ans car la demande est très importante et ont des effets positifs - à certaines conditions.
"Si on arrête cette stimulation inadaptée, qui ne sert à rien et ne lui apprend rien, que le parent prend conscience de comment il doit apprendre et arrête d'utiliser son écran devant l'enfant, c'est assez impressionnant", confie la Dr Sylvie Dieu Osika.
Selon cette dernière, "l'enfant ressort de sa bulle, commence à regarder ses parents (...) Et donc en quelques mois, on voit des effets extrêmement importants. J'ai des enfants qui reprennent leur évolution normale avec un an, 18 mois de décalage", explique la professionnelle de santé.
Cette dernière tient la seule consultation hospitalière pour lutter contre cette addiction 2.0, et qui se déroule tous les lundis matins.