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Paris Île-de-France

Évacuation de migrants à la Gaîté Lyrique: une enquête ouverte pour violences policières présumées

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l'évacuation, le 17 mars 2025 à Paris

Manifestation devant la Gaîté lyrique, occupée depuis trois mois par des jeunes migrants, dont la préfecture de police a ordonné l'évacuation, le 17 mars 2025 à Paris - Thibaud MORITZ © 2019 AFP

Après l'évacuation de plusieurs centaines de jeunes migrants qui occupaient la Gaîté Lyrique, une enquête a été ouverte en mars dernier pour violences volontaires par personne dépositaire de l'ordre public.

Une enquête a été ouverte fin mars à Paris pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique après l'évacuation, le 18 mars, de plusieurs centaines de jeunes migrants qui occupaient la Gaîté Lyrique, a indiqué ce jeudi 12 juin le parquet de Paris.

Ces investigations ont été lancées le 21 mars à la suite d'"un signalement de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), relatif à des violences qui auraient été commises par des fonctionnaires de police lors de l'évacuation de la Gaîté Lyrique le 18 mars 2025", a précisé le ministère public, qui confirmait auprès de l'AFP une information de source proche du dossier.

Les images de vidéosurveillance vont être exploitées

Cette ouverture d'enquête permet "l'exploitation des vidéosurveillances de cet événement" pour que ces images soient conservées, comme c'est le cas lors d'enquêtes judiciaires, a souligné le parquet. Le 18 mars, après un arrêté pris par le préfet de police, les forces de l'ordre ont procédé à l'évacuation de 450 jeunes migrants environ, en majorité originaires d'Afrique subsaharienne.

Ces jeunes occupaient depuis le 10 décembre ce lieu culturel, propriété de la mairie de Paris, demandant à être reconnus comme des mineurs et à être hébergés. Leur âge est contesté par la municipalité et la préfecture de police. Dès mi-décembre, l'établissement situé dans le 3e arrondissement, avait annulé sa programmation culturelle, se disant compréhensive et dénonçant "à la fois l'occupation et l'inaction des autorités". Et le 10 février, la Gaîté Lyrique avait porté plainte contre X, dénonçant notamment des dégradations de biens et des messages malveillants.

Le 18 mars, vers 6H00, CRS et gendarmes mobiles ont forcé les cordons formés devant l'établissement par plusieurs dizaines de militants dans un climat houleux, selon des journalistes de l'AFP sur place.

46 interpellations et six blessés

Les forces de l'ordre sont ensuite entrées dans l'édifice, selon une reporter, qui a vu de jeunes migrants sortir du bâtiment avec leurs affaires. Peu avant 9H00, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Le préfet de police avait alors fait état de 46 interpellations. Il avait aussi compté six jeunes migrants blessés, sans nécessité de prise en charge médicale. Trois autres personnes ont, elles, été prises en charge: un migrant, un CRS, et un journaliste blessé légèrement au genou.

Après cette évacuation, plus de 400 artistes, dont la romancière Virginie Despentes, les comédiens Joey Starr, Adèle Haenel et Marina Hands en ont dénoncé dans une tribune "la brutalité".

A.V. avec AFP