"Emily in Paris": comment la série a permis d'attirer de nouveaux touristes dans la capitale

Une image "carte postale" de Paris. La saison 3 de la série Emily in Paris est arrivée mercredi sur Netflix, et comme pour les deux premières saisons, le programme présente la capitale sous son meilleur jour.
De quoi attirer des touristes du monde entier - mais surtout des Etats-Unis -, inspirés par la vie d'Emily Cooper, une jeune Américaine originaire de Chicago qui a déménagé pour travailler dans une agence de marketing.
La saison 3 apporte avec elle son lot d'enjeux, et pas seulement de savoir qui Emily choisira entre sa patronne américaine Madeline ou sa supérieure française Sylvie, ni même comment finira le triangle amoureux formé avec son voisin Gabriel et son amie Camille - devenu rectangle amoureux depuis l'arrivée du personnage d'Alfie dans la saison précédente.
Aujourd'hui, la série représente une opportunité de renouveau pour le tourisme dans la capitale. Car chaque nouvelle saison voit déferler une vague de touristes qui veulent marcher dans les pas d'Emily.
"Célébrer ces endroits inconnus"
Jardin du Luxembourg, tour Eiffel, pont des Arts... Si tous ces lieux étaient déjà emblématiques bien avant l'arrivée d'Emily (interprétée par Lily Collins) à Paris, la série a donné un nouveau souffle aux grands sites touristiques de la capitale.
"Quand vous voyez la série, ça vous donne envie de venir voir la France", déclare une touriste au micro de BFMTV. "Aux Etats-Unis, ce n'est pas le genre de choses qu'on voit beaucoup à la télé, ça fait du bien", confirme une autre.
En 2021, la saison 2 avait cumulé 107 millions d'heures visionnées en seulement cinq jours. Mais il n'y a pas que pour Netflix que la série est une véritable poule aux oeufs d'or: avec l'arrivée de la saison 3, les professionnels du tourisme se frottent aussi les mains.
La série leur donne l'occasion de faire découvrir la ville sous un nouvel angle: celui du parcours d'Emily, qui déambule de quartier en quartier, va voir un ballet à l'Opéra Garnier, mange un pain au chocolat dans le 5e arrondissement et assiste à des défilés de mode dans les lieux les plus époustouflants de la capitale.
Le guide Fabien Buonavia a d'ailleurs décidé de surfer sur le succès de la série. En mars 2021, il a lancé le "Emily in Paris Tour", rapportent nos confrères du Parisien, un circuit touristique qui passe par tous les lieux emblématiques de la série.
Pour 30 euros, les visiteurs découvrent les lieux vus dans la série, du Palais-Royal à la fameuse place de l'Estrapade, où Emily commande son premier pain au chocolat avec un accent qui fait frémir la boulangère.
Pour l'actrice Lily Collins, la série a permis de faire découvrir beaucoup de lieux parisiens, certains moins connus à l'internationale que les classiques tour Eiffel et Arc de Triomphe.
"Peut-être que les gens n'en auraient pas entendu parler sans ça", explique-t-elle à propos du "Emily in Paris Tour", lors d'une interview donnée à BFMTV. "J'aime l'idée qu'on aide à célébrer ces endroits inconnus."
Certains lieux victimes de leur succès
Et les retombées de la série au niveau touristique ne s'arrêtent pas au périphérique. La Côte d'Azur a elle aussi été représentée dans la deuxième saison, lors d'une escapade d'Emily à Saint-Tropez.
Une volonté de la part du géant Netflix de montrer d'autres paysages français que celui de la capitale, assure l'acteur Arnaud Binard à nos confrères de Nice-Matin. "Netflix avait très envie de mettre en valeur ce coin de la France et ça se voit plutôt à l’écran. À chaque saison, on tourne dans une autre région que Paris pour montrer à l’écran la diversité de notre pays."
Certains coins de la capitale, projetés sous le feu des projecteurs, deviennent toutefois victimes de leur succès. Dans le 5e arrondissement, la fameuse boulangerie Moderne de la place de l'Estrapade, ne veut plus entendre parler de la série.
"On n'en peut plus. Cela fait trois ans que l'on nous parle que de cela", déclare l'une des employées au Parisien. D'autres commerçants expliquent que le quartier au charme typiquement parisien a toujours vu défiler son lot de touristes, mais avec l'arrivée de la série sur Netflix, "c'est tous les jours, sans arrêt".
Les commerçants locaux pointent également du doigt l'embellissement du quartier dans la série. Les équipes de tournage vont jusqu'à installer des lampadaires qui n'existent pas en temps normal pour s'assurer d'un décor qui fasse bien "parisien".
Il s'agit là d'un reproche qui a souvent été fait à la série depuis le début de sa diffusion: celui d'un Paris idyllique, propre et coloré, qui n'est pas représentatif de l'ensemble de la capitale.
Emily ne se retrouve pas dans les couloirs bondés du métro en heure de pointe, mais marche sans problème dans les rues pavées, perchée sur des talons aiguilles. La saison 3 la représente même mangeant dans un McDonald's impeccable, quasiment vide et au décor épuré, dont beaucoup de Parisiens aimeraient certainement avoir l'adresse.
Une vision irréaliste de Paris?
Cette représentation de la vie parisienne et de l'art de vivre à la Française est justement ce qui fait son succès. Après tout, Paris est une part importante du titre de la série, et tout aussi importante de son intrigue.
"Il y a toujours eu cette sensation que Paris est le personnage principal de la série, notre partenaire de jeu à chaque instant", déclare Ashley Parker, qui campe le rôle de Mindy, la colocataire et amie d'Emily. "C'est amusant le nombre de gens qui sont venus nous voir récemment en disant 'je suis à Paris grâce à votre série'."
Si la série donne une image embellie de la ville, ce n'est pas un phénomène propre à Emily in Paris. Le quartier de Montmartre a lui aussi eu le droit à son heure de gloire depuis la sortie du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain en 2001.
Le créateur de la série, Darren Star, n'en ai pas à son galop d'essai pour romantiser une ville dans ses productions. On lui doit également les séries Melrose Place et Sex and the City et leurs représentations édulcorées de Los Angeles et New-York.
"Le grand talent de Darren, c’est ça. Mais pour pouvoir faire ça, il faut commencer par quelque chose qui est d’une très grande légèreté, et pas forcément naturaliste", déclare à BFMTV Philippine Leroy-Beaulieu, interprète de l'intransigeante Sylvie Grateau.
Car si les acteurs français de la série connaissent sans doute mieux la capitale que leurs homologues américains, la question de la représentation irréaliste de Paris n'est pas un problème pour eux. Au contraire, ils estiment que la série a su donner un nouveau regard sur Paris, qui reste à ce jour la première destination touristique mondiale.
"Je pense que Paris crée une curiosité depuis toujours. C'est un musée à ciel ouvert, il y a une fascination. Ça n'avait jamais été filmé d'un point de vue américain, donc ça amplifie tout", déclare Lucas Bravo, révélé dans la série pour son rôle de Gabriel, le charmant chef, voisin d'Emily.
"Il y a une chose dont je suis certain, c’est que si ça marche autant, c’est que le cliché trouve un écho et une résonnance pour les gens du monde entier. Je pense que les Français devraient parfois réfléchir et se dire 'est-ce qu’il n’a pas vu des choses que nous on ne voit plus?'" estime Bruno Gouery, interprète du personnage de Luc, à propos de la vision du créateur de la série.
D'autant plus que la série a su trouver son public au bon moment: en pleine crise sanitaire, alors que dans le monde entier les téléspectateurs n'avaient besoin que d'une chose, s'évader. Le succès reste au rendez-vous quelques années plus tard, puisque la série a déjà été confirmée pour une quatrième saison.
Réaliste ou non, Emily in Paris est une échappatoire pour les téléspectateurs, y compris les Parisiens qui aimeraient certainement, eux aussi, vivre dans le Paris représenté dans la série.