"Comment on fait?": après l'annulation des constructions sous la Tour Eiffel, l'architecte du projet s'interroge

Pied de la Tour Eiffel (Illustration). - KENZO TRIBOUILLARD © 2019 AFP
Alors que le Premier adjoint à la maire de Paris Emmanuel Grégoire a annoncé dimanche, renoncer aux constructions prévues aux abords de la Tour Eiffel, Thomas Corbasson est pour le moment circonspect. Cet architecte est en charge du projet d'ampleur "One" qui vise à réhabiliter le quartier de la Tour Eiffel et du Champ-de-Mars.
Dans les colonnes du Parisien ce mardi, il a réagi à la décision de la mairie d'annuler les constructions prévues au pied du monument.
"Je trouve que tout n'est pas encore très clair. La mairie ne souhaite donc plus de nouvelles constructions. Mais comment on fait?", s'interroge-t-il.
Une polémique sur l'abattage d'arbres
Dans le cadre de ce projet, quatre structures "élégantes" devaient voir le jour au pied de la Tour Eiffel afin de remplacer les cabanons, les locaux techniques et les bases de chantier actuellement présents, mais jugés inadéquats à cet endroit.
Toutefois, cette ambition s'était heurtée à l'opposition de militants écologistes et d'élus parisiens, qui avaient dénoncé l'abattage d'arbres nécessaire à ces constructions. Face à la polémique, la mairie de Paris avait assuré qu'aucun arbre centenaire ne serait coupé. Finalement, la municipalité préfère annuler purement et simplement les constructions aux abords du monument parisien.
Désormais, l'architecte du projet s'interroge sur le devenir des cabanons actuels que devaient remplacer les nouvelles constructions. Il ne se dit pas favorable à l'installation de bureaux "en lieu et place" des structures actuelles.
"Si c’est pour refaire les mêmes kiosques aux mêmes endroits, ce n’est pas terrible… Et les extensions en béton au pied de la Tour, franchement moches, que deviennent-elles? On dit que le site est saccagé, mais si on n’enlève pas ce qui le saccage, ça ne fonctionne pas", déplore-t-il auprès du quotidien francilien.
"Ce n'est pas clair"
Défendant la philosophie de son projet originel, Thomas Corbasson assure n'avoir jamais souhaité ni abattre les arbres, ni les mettre en danger. Il rappelle également que le projet prévoyait de construire une surface égale en superficie à celle à détruire.
"Notre idée n'était pas de construire le plus possible, au contraire, seulement de rassembler dans des espaces semi-enterrés un certain nombre de services", explique t-il.
Aujourd'hui, l'architecte semble presque perdu après les annonces de la mairie. "Moi je suis dans le détail des choses, donc forcément à mes yeux, ce n'est pas clair", reconnaît-il. L'architecte n'avait pas pris en compte la possibilité de ne plus avoir de nouvelles constructions dans son projet. ll attend désormais des nouvelles de la mairie pour l'éclairer davantage.
"Des décisions ont dû être prises sans que nous en ayons connaissance", estime-t-il. Je pense, j'espère que la ville a trouvé des arrangements".
Deux leviers possibles sont notamment évoqués par l'architecte pour compenser l'annulation des constructions: l'absence de commerces aux abords du monument, et le déplacement des bureaux de la société d'exploitation de la Tour Eiffel.
"Je passe pour le méchant architecte"
De manière générale, Thomas Corbasson regrette la façon dont les polémiques liées au projet ont été gérées en termes de communication. Il souligne notamment le manque de pédagogie dans cette histoire.
"Plutôt que d'expliquer la réalité du projet, on le change et je passe pour le méchant architecte qui avait prévu de tout bétonner, de raser les arbres remarquables pendant que la ville serait intervenue pour régler le problème”, tance Thomas Corbasson.
Toutefois, Emmanuel Grégoire l'a rappelé ce dimanche, malgré l'abandon des constructions, 95% du projet One va être mis en œuvre. L'objectif principal de ce projet est de végétaliser le quartier avec notamment plus de 16.000m2 d'espaces verts supplémentaires et plus de 200 nouveaux arbres.
Le quai Branly, la place du Trocadéro ainsi que le parvis des Droits de l'Homme font tous partie de ce plan de végétalisation. Le rond-point sera lui supprimé pour laisser place à un aménagement en fer-à-cheval tandis qu'une partie de l'esplanade sera piétonnisée.
Enfin, les trois pelouses, très abîmées, du Champ-de-Mars doivent subir une rénovation complète qui doit débuter dès cette semaine.