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Paris Île-de-France

Colère des agriculteurs: des convois de tracteurs de la Coordination rurale tentent de "monter à Paris"

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Le deuxième syndicat agricole français a prévu plusieurs points de rencontre en région parisienne pour les manifestants reconnaissables à leur bonnet jaune, sur les itinéraires convergeant de l'ouest, du nord, de l'est et du sud vers Paris.

Des agriculteurs de la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole français, se sont mis en route depuis différentes régions vers Paris, où ils ont l'intention d'exprimer leur colère cette semaine, mais ne prévoient pas d'action importante ce dimanche 5 janvier soir.

Dimanche, quelques convois de tracteurs se sont ébranlés depuis différentes régions de France, mais aucun n'est rentré dans la capitale, que quittaient les derniers vacanciers avant la rentrée scolaire lundi matin.

"Nos tracteurs sont partis, mais dans les endroits où ils sont regroupés, les gendarmes les empêchent de bouger", a déclaré à l'AFP Christian Convers, secrétaire général du mouvement, dimanche soir.

Ce dernier été brièvement interpellé par la police en fin d'après-midi à Paris, au moment où il arrivait -en voiture- pour participer à un regroupement symbolique place du Brésil, en protestation contre le récent accord commercial entre l'UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay).

Rungis et Paris interdits aux manifestants

"Nous sommes en route, en tracteur, mais pour l'instant rien ne se passe, car des gendarmes sont disposés loin de Paris sur les routes pour nous attendre", a indiqué Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, et président de la CR Hauts de France. Sur BFMTV, ce dimanche, Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, a avancé que le mouvement "pourrait se durcir".

La préfecture de police de Paris a interdit les rassemblements non déclarés de dimanche 18h à lundi 12h dans un large périmètre du centre de Paris, incluant notamment Matignon et le ministère de l'Agriculture, "considérant les appels à manifester le 5 janvier 2025 lancés par un syndicat agricole en vue de 'bloquer la capitale'". La préfecture du Val-de-Marne en a fait de même autour du marché de Rungis et sur l'autoroute A6.

Avant de converger vers Paris, lundi matin, les agriculteurs venus de toute la Normandie doivent notamment se retrouver à Heudebouville sur le bord de l'A13, entre Vernon et Rouen, a précisé à l'AFP Damien Cornier de la Coordination rurale en Normandie, joint par téléphone. D'autres lieux de regroupement sont prévus au nord, à l'ouest et au sud de la capitale.

"Il n'y a pas d'évolution importante de notre mouvement à attendre ce dimanche, avant demain (lundi)", a assuré Patrick Legras, lui-même en route depuis les Hauts-de-France.

"A priori, nous avons interdiction de rentrer dans Paris" dimanche soir, "on obéit, on se mettra en place dans la nuit", avait pour sa part précisé Christian Convers, secrétaire général de l'organisation.

L'organisateur du rassemblement a été interpellé, selon une source policière à l'Agence France-Presse (AFP), confirmée par des sources concordantes à BFMTV.

Des garenties du Premier ministre

"Volontairement, nous avons réparti l'organisation de cette journée et des journées à venir entre cinq personnes" seulement, avait indiqué la présidente du mouvement Véronique Le Floc'h sur RMC dimanche matin. "Chacun a la responsabilité du lieu de rassemblement des agriculteurs, qu'ils soient en voiture ou en tracteur".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale souhaite obtenir des garanties du Premier ministre pour la défense d'une agriculture axée sur la protection des petits exploitants qu'elle estime broyés par le libre-échange.

Les actions de la CR interviennent à la veille du lancement de la campagne pour les élections aux chambres d'agriculture. Ces élections organisées du 15 au 31 janvier, détermineront les nouveaux rapports de force entre syndicats agricoles, parmi lesquels la FNSEA est actuellement ultra-dominante selon les résultats du dernier scrutin de 2019. Les quatre principaux syndicats doivent être reçus à Matignon le 13 janvier.

"Depuis le Covid, on cumule, on enchaîne les différentes crises sanitaires, économiques, géopolitiques et climatiques, nous faisons face à une inflation de nos coûts de production et les prix payés à nos producteurs ne suivent pas, et nous avons de nombreux agriculteurs dans la détresse", a déclaré Mme le Floc'h sur RMC.

Selon elle, 30.000 fermes ont reçu une aide depuis un an, à hauteur de 9.000 euros, "quand le ministère dit lui même que plus de 150.000 fermes sont en détresse financière".

C.Bo. avec AFP