Assassinat du policier Xavier Jugelé: le principal accusé présente ses excuses

La plaque en hommage à Xavier Jugelé. - BFMTV
"Je m'excuse auprès des victimes, de leur famille et de leurs proches", a déclaré mercredi Nourredine Allam, jugé en appel pour avoir vendu une arme à Karim Cheurfi, assassin du policier Xavier Jugelé tué en 2017 sur les Champs-Elysées, avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Condamné à 10 ans de prison en première instance, le Franco-Algérien de 32 ans a reconnu une nouvelle fois avoir servi d'"intermédiaire" entre Karim Cheurfi et l'homme qui lui a vendu une kalachnikov, mais a nié avoir participé à la transaction.
"Le passé, on ne peut pas le réparer mais je voudrais essayer d'être quelqu'un de meilleur", a-t-il dit devant la cour d'assises spéciale présidée par David Hill.
"Nul ne pouvait faire abstraction du contexte général"
Mardi, l'avocate générale a requis 15 ans de réclusion à son encontre. "C'est une personne totalement dépourvue de repères et de sens moral, et donc d'une certaine dangerosité", a affirmé la représentante du parquet général.
Alors qu'il avait été condamné en première instance pour une association de malfaiteurs délictuelle, l'avocate générale a demandé une requalification de son crime en infraction terroriste.
Selon l'avocate générale, M. Allam "ne pouvait ignorer" la radicalisation islamiste de Karim Cheurfi. En 2017, "nul ne pouvait faire abstraction du contexte général", a-t-elle soutenu, en faisant référence aux attentats de janvier 2015, ceux du 13-Novembre puis de Nice le 14 juillet 2016.
Noureddine Allam "connaissait la dangerosité et la crainte qu'inspirait Karim Cheurfi", a-t-elle affirmé.
Un client pas radicalisé
Pour Léa Dordilly, son avocate, rien dans le dossier ne permet de démontrer que M. Allam a lui-même vendu l'arme à Karim Cheurfi. Elle a également rappelé que son client n'était en aucun cas radicalisé ou proche de la mouvance islamiste.
La condamnation pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) ne suppose pas que l'accusé soit radicalisé ou qu'il ait connaissance d'un projet d'attentat. Pour que l'AMT soit établie, il suffit que l'accusé ait conscience de la radicalisation du tueur.
Le 20 avril 2017, Karim Cheurfi avait tué Xavier Jugelé et blessé deux de ses collègues ainsi qu'une touriste allemande, avant d'être abattu par des tirs de riposte.
Contre l'autre accusé, Médérik Marinne, acquitté en première instance et qui comparaît libre en appel, le parquet a requis - comme lors du procès en première instance - une peine de 24 mois de prison, dont 12 avec sursis.
Les empreintes de Médérik Marinne ont été retrouvées sur l'arme du tueur.
M. Marinne a répété mercredi avoir touché l'arme "par accident" alors qu'il était en compagnie d'anciens amis de collège, Yanis Aidouni et Mohamed Bouguerra, les deux hommes accusés d'avoir vendu la kalachnikov à Nourredine Allam et qui, en première instance, ont été respectivement condamnés à six ans et cinq ans d'emprisonnement.
Ni M. Aidouni, ni M. Bouguerra n'étaient jugés en appel.