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Après le départ de Zity à cause des incivilités, les offres d'autopartage sur le déclin à Paris

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Le service d'autopartage de Renault, Zity, renonce à poursuivre son activité dans la capitale. En cause, le mauvais comportement des utilisateurs. Après ce nouveau départ, les offres d'autopartage diminuent dans la capitale.

Zity, jette l’éponge à Paris. La filiale de Renault Mobilize a annoncé ce mardi 9 janvier mettre fin à son service de location de voitures en libre-service à Paris en raison des "dommages constants" causés à sa flotte qui engendreraient des coûts de maintenance devenus "ingérables".

Le 15 janvier prochain, la centaine de véhicules électriques du service lancée par Renault disparaîtra de la capitale. Alors que reste-t-il désormais comme service de véhicules partagés pour les Parisiens?

Une seule offre en free floating à Paris

Sur son site internet, la mairie de Paris indique qu'il reste deux opérateurs dans la capitale en free floating: Share Now et Free2Move. Mais en réalité, les deux opérateurs ne font plus qu'un, depuis le rachat de Share Now par Free2Move (de Stellantis) en 2022.

Sur son site internet, Free2Move, explique que ses voitures sont en libre-service 24h/24 et 7j/7. Près de 700 voitures électriques sont disponibles à Paris, principalement des Fiat 500e et des Peugeot e-208, indique l'opérateur à BFMTV.com.

Grâce à une application, il est possible de louer une voiture pour quelques minutes ou plusieurs jours et de quitter la capitale, à condition de ramener la voiture dans Paris pour terminer son trajet.

Sur le site d'Ile-de-France Mobilités, d'autres opérateurs sont cités comme Communauto ou Clem'.

Les différences entre free floating et service en boucle

Mais "tous les services de voiture ne fonctionnent pas de la même façon", explique Julien Chamussy, co-fondateur de Fluctuo, entreprise qui collecte et analyse des données sur les services de mobilité partagée.

Zity, tout comme Free2Move, ce sont des offres de freefloating. En revanche, des entreprises comme Getaround, Clem' ou Communauto fonctionnent en service en boucle, c'est-à-dire qu'il faut ramener la voiture au même point où vous l'avez prise. Le modèle en boucle "se rapproche de la location de voiture classique", indique Julien Chamussy à BFMTV.com.

"Les opérateurs en boucle ont une logistique plus facile à gérer", précise le co-fondateur de Fluctuo. "C'est plus facile pour eux de réparer, nettoyer leur flotte", contrairement aux opérateurs de freefloating.

Paris, ville la plus embouteillée de France

Depuis le départ d'Autolib et ses 150.000 abonnés en 2018, les services d'autopartage n'ont jamais eu le succès escompté. Ce n'est pas un problème propre à Paris, le marché "est globalement difficile en Europe", note Julien Chamussy.

Néanmoins, à Paris, plus que dans certaines villes, il est difficile de circuler en voiture. Paris reste d'ailleurs la ville la plus embouteillée de France, selon une étude de TomTom parue ce mercredi 10 janvier. Forcément, il est plus difficile de garder les clients parisiens pour les opérateurs de freefloating.

Julien Chamussy estime aussi que la période Covid et la mise en place du télétravail, n'ont pas aidé les opérateurs qui avaient pour but de servir les professionnels en semaine et les familles le week-end.

Finalement l'usage de Zity a surtout été pour du loisir, notamment le soir, en sortie de fête. Des canettes qui traînent, "l'odeur de la cigarette" dans l'habitacle.... "Les voitures sont devenues de plus en plus sales" et les usagers se sont éloignés du service proposé par Renault.

L'autopartage représente "un défi" pour Free2Move

Les incivilités, c'est un problème que rencontre également l'opérateur Free2Move qui explique à BFMTV.com avoir renouvelé son parc automobile de 50% dernièrement. "Le secteur de l'autopartage est malheureusement souvent confronté à ce genre de cas", regrette l'opérateur.

Néanmoins, le bilan reste positif pour Free2Move en 2023, "bien que l'activité représente un défi, notamment en raison des problèmes rencontrés et qui ont conduit d'autres réalités à interrompre le service".

L'entreprise annonce ainsi mettre en œuvre "de nouvelles technologies pour prévenir tout nouveau comportement inapproprié dans les véhicules".

"Il faut qu'on apprenne à bien partager"

Consciente du problème, la mairie de Paris accueille le départ de Zity avec déception. "Ça marque les difficultés d'avoir un modèle économique viable pour ce type de service. On voit que c'est un nouveau marché qui se cherche même lorsqu'il y a de gros investisseurs, ici Renault", estime David Belliard, adjoint à la mairie de Paris en charge des transports, au micro de BFM Paris Ile-de-France.

Pour endiguer ces incivilités, la ville souhaite éduquer les Parisiens. "Oui il y a un problème d'incivilité, de comportement, on le voit avec des services comme Vélib' (...) Il faut qu'on apprenne à bien partager des vélos, des voitures quand on a besoin d'en avoir", martèle l'élu écologiste qui adhère toujours à l'option voitures partagées.

"Je crois que c'est une des options alternatives pour celles et ceux qui ont besoin d'une voiture de manière ponctuelle" (...) "sur le freefloating, on a encore à trouver des bons modèles", nuance ce dernier.

La mairie de Paris envisage également d'augmenter le nombre de policiers municipaux.

Alicia Foricher