Grève des éboueurs à Marseille: la crainte d'un "écocide" pour l'environnement

Des bouteilles en plastique, des sacs, et autres détritus s'accumulent à nouveau depuis plusieurs jours dans les rues de Marseille mais aussi dans la nature avoisinante.
Alors qu'une nouvelle grève des éboueurs a débuté à Marseille il y a une semaine, environ 1500 tonnes de déchets jonchaient la cité phocéenne vendredi dernier selon la préfecture de police. Une accumulation d'ordures qui touche également la faune marseillaise.
La crainte du scénario d'octobre dernier
Depuis sa création en 2017, l'association “Clean my Calanques" a ramassé 50 tonnes de déchets aux abords de Marseille. Une situation inquiétante pour l'environnement, aggravée par les grèves à répétition des éboueurs: le nouveau mouvement enclenché la semaine dernière est le troisième depuis le mois de septembre à Marseille.
"On va attendre quoi la cinquième, sixième grève, on va attendre combien d'inondations avant de se rendre compte que des centaines de tonnes de déchets dans la rue, c'est pas une bonne idée", s'agace auprès de BFMTV, Eric Akopian, président de l'association "Clean my Calanques", et habitué des ramassages de déchets dans les environs de Marseille.
Les associations de défense de l'environnement craignent que la situation s'aggrave. Pour le moment, le vent est faible dans les Bouches-du-Rhône mais un changement de temps pourrait charrier les déchets accumulés dans les rues marseillaises vers la mer.
"Heureusement qu'il fait beau et qu'il n'y a pas de mistral sinon on revient au même scénario qu'en octobre", soutient Eric Akopian.
Au début du mois d'octobre dernier, alors que la ville sortait tout juste d'une grève des agents de collecte, de fortes intempéries avaient emporté les poubelles restées sur les trottoirs, vers les plages marseillaises entraînant une catastrophe environnementale.
Aujourd'hui, la mairie de Marseille assure que de nombreux déchets se sont à nouveau retrouvés dans la mer avec la reprise de la grève. Selon des chiffres de la municipalité, 50 tonnes de déchets se sont propagées dans la Méditerranée depuis les premières mobilisations des éboueurs il y a plusieurs mois. Seulement 15 tonnes ont été ramassées.
"La vraie menace avec cette nouvelle grève, c'est un nouvel écocide pour la mer Méditerranée", s'alarme Sébastien Barles, adjoint au maire chargé de la transition écologique à la mairie sur le plateau de BFM Marseille.
Une lettre ouverte d'associations à la Métropole
Face à cette crainte, une dizaine d'associations de protection de l'environnement dont "1 déchet par jour", "Clean My Calanques" et "Marseille Poubelle La Vie", ont écrit vendredi dernier une lettre ouverte à la présidente de la Métropole, chargée de la collecte des déchets à Marseille. Les auteurs de la lettre qui avait recueilli plus de 1000 signatures ce mardi, demandent à Martine Vassal d'agir pour améliorer la gestion des ordures à Marseille et pour mettre fin à cette accumulation de déchets.
"Les conditions d’un écocide sont en train de se remettre en place: amoncellement de déchets aux abords des bacs, déchets diffus le long des caniveaux… la liste est longue", estiment les auteurs de la lettre avant de prévenir: "au prochain épisode pluvial, ce ne sont pas 6 tonnes de déchets que nous retrouverons sur le littoral marseillais mais 12, voire plus".
Les associations réclament l'organisation d'assises de la propreté afin de mettre fin à ces problèmes écologiques récurrents à Marseille. Elles souhaitent que Marseille se transforme "en la capitale de la transition".
"On est capable de réduire notre production, on est capable de faire un effort, la Métropole est capable de mieux faire (...) C'est une main tendue vers la Métropole: aidez-nous à ce que nous, associations, nous relayons le bon message, à ce qu'on dise les déchetteries restent ouvertes, les bennes sont à tel ou tel endroit", insiste Alexandre Mounier, président de l'association "1 déchet par jour" à BFM Marseille.
De son côté, la Métropole assure ne pas vouloir non plus une nouvelle accumulation des déchets dans Marseille et veut se montrer ferme vis-à-vis des grévistes, menés par le syndicat majoritaire Force Ouvrière.
En plus du recours à des entreprises privées pour assurer le ramassage des poubelles, la réquisition des agents en grève a été ordonnée par la Préfecture de police. Une décision qui a été contestée en justice par le syndicat FO. La décision du tribunal administratif est attendue pour ce mardi.