Poubelles à Marseille: la ville marquée par des grèves dures à répétition

Le 29/09/2021 à 16h44

Des poubelles dans Marseille, lors de la grève de décembre 2020. - NICOLAS TUCAT / AFP

Alors qu'une nouvelle grève massive des éboueurs a lieu depuis lundi à Marseille, la ville a connu dans son histoire de multiples conflits sociaux avec ses agents de la propreté.

C'est pour les habitants de Marseille, comme un sentiment de déjà-vu. Une nouvelle grève des éboueurs a lieu dans la ville et paralyse le ramassage des déchets. La grève a été lancée ce lundi par le syndicat majoritaire Force Ouvrière (F0). Les grévistes dénoncent l'augmentation de leur temps de travail. Cette grève est loin d'être la première à Marseille et pourrait bien, comme d'autres avant elles, être partie pour durer.

La dernière grève de la profession remonte à moins d'un an, en décembre 2020. Celle-ci avait tenu pendant près de deux semaines. Elle avait concerné plus de 200 salariés de l'entreprise Derichebourg-Polyceo, chargée du ramassage des déchets dans les 2e, 15e et 16e arrondissements de la ville.

A l'époque, les éboueurs dénonçaient leurs conditions de travail et le harcèlement du directeur du site et de son adjoint. Les agents de propreté demandaient également la mutation des deux hommes. Les revendications des grévistes, soutenus par Force Ouvrière, avaient finalement été acceptées. Dans les derniers jours de la grève, la tension était montée puisque un escadron de CRS avait été déployé devant un entrepôt. Au total, plus de 900 tonnes de déchets n'avaient pas pu être collectées.

L'armée appellée en renfort dans les années 70

Ces grèves succèdent à une série de conflits sociaux opposant les agents de la propreté avec déjà des grèves il y a plus de 40 ans. En 1976, après une grève d'une semaine, le maire de l'époque Gaston Defferre avait appelé l'armée pour ramasser les innombrables ordures qui s'étaient accumulées, rappelle La Provence. Le scénario se reproduit en 1983.

Les mouvements des agents de la propreté passent parfois par des actions spectaculaires, raconte encore le quotidien local, comme lorsque le 24 décembre 1986, des éboueurs du secteur privé déversent des dizaines de tonnes d'ordures devant l'Hôtel de Ville. La décennie 90 ne sera pas non plus épargnée par les grèves du ramassage, notamment en 1994 lorsque le maire de la ville annonce la suppression de centaines de postes dans le secteur du nettoiement, rapporte MarsActu.

Grève des poubelles et chaleur

Au début des années 2000, grève des poubelles rime encore avec Marseille. A l'occasion d'un mouvement de grève national contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, les éboueurs se mettent en grève dans plusieurs villes dont Marseille.

Le mouvement sera plus dur chez les éboueurs marseillais qui reprendront le travail après d'autres villes dont Lyon. A l'entassement des déchets s'ajoute la chaleur qui aggrave l'odeur en ce début d'été 2003, rappelle France 3.

Des ordures accumulées dans les rues de Marseille le 8 juin 2003 © Boris Horvat/AFP

Deux semaines de grève en 2010

Récemment, c'est sans doute la grève de 2010 qui a pris le plus d'ampleur. Au bout de neuf jours sans ramassage, 8.000 tonnes de déchets s'étaient accumulées dans les rues marseillaises.

Le préfet des Bouches-du-Rhône avait alors réquisitionné la Sécurité civile pour collecter les ordures. Les grévistes protestaient contre la réforme des retraites dans un mouvement qui avait duré 14 jours.

Des poubelles ramassées à Marseille par la Sécurité civile, lors de la grève d'octobre 2010. © Gérard Julien - AFP

Au total entre 1976 et 2010, 14 grèves de plus de quatre jours ont été dénombrées par le syndicaliste Pierre Godard et le sociologue André Donzel dans leur ouvrage "Éboueurs de Marseille: entre luttes syndicales et pratiques municipales”, comme le rapportait La Provence en 2017.

Durant la décennie 2010, des grèves ont eu lieu presque tous les ans, avec des conflits marquants notamment en janvier 2015 et octobre 2017. Pendant cette grève, Marseille avait à nouveau croulé sous les poubelles pendant 14 jours.