"Une catastrophe environnementale": des plages recouvertes de déchets, la mairie de Marseille charge la métropole

Le 05/10/2021 à 12h40

Déchets sur une plage à Marseille le 5 octobre 2021 - BFMTV

Alors que de nombreux déchets se sont accumulés sur les plages de Marseille après les intempéries, la mairie de Marseille dénonce le manque de réactivité de la Métropole, compétente pour la collecte des déchets.

"C'est terrible". Christine Juste, adjointe (EELV) en charge de l'environnement à Marseille fait part de son amertume ce mardi sur BFMTV, face au triste constat sur les plages marseillaises. Après une journée marquée par les fortes intempéries, des déchets ont été chariés et se sont échoués sur les plages. Canettes, bouteilles et détritus en tout genre recouvrent le sable sur des dizaines de mètres.

Des déchets accumulés durant la grève des éboueurs

La pollution des plages a été aggravée par la grève des éboueurs de Marseille la semaine dernière qui a duré plusieurs jours, entraînant l'accumulation de tonnes de déchets dans les rues. Les poubelles restées sur les trottoirs ont été emportées par les pluies pour finir sur les plages de la ville. Christine Juste juge la Métropole, seule compétente pour la collecte des déchets, responsable de cette situation.

"Je conçois que ce soit compliqué de collecter en une fois plusieurs jours de grève, mais là franchement, le compte n'y est pas", lance Christine Juste.

Celle-ci dénonce le manque de réactivité de la Métropole après l'arrêt de la grève. La collectivité avait pu trouver vendredi dernier, un accord de fin de grève avec les syndicats, d'éboueurs permettant la reprise de la collecte des déchets. Mais la Métropole, avait expliqué que dans les quartiers les plus touchés, il fallait compter une semaine pour revenir à la normale.

"Gouverner c'est prévoir. On attendait de la présidente de la metropole qu'elle puisse anticiper", a renchéri Yannick Ohanessian, adjoint au maire de Marseille, lors d'un point presse au Pharo devant le conseil de la Métropole Aix Marseille.

"Vous voyez l'état de nos plages, de nos rues (...) tout ceci est la conséquence d'une non responsabilité de l'exécutif du territoire. C'est un ras le bol. C'est des images d'horreur que nous avons vu. La situation est inacceptable. Nous vivons une catastrophe environnementale", a alerté l'élu.

5000 tonnes de déchets ont été accumulés pendant la grève selon des chiffres de la Métropole. Le maire (PS) de Marseille Benoît Payan a estimé sur France Info qu'il restait ce lundi soir, 3000 tonnes de déchets non récoltés. Son adjointe Christine Juste assure même que dans certains secteurs de la ville, aucune poubelle n'a été récupérée depuis la fin de la grève. Une partie d'entre elles a ensuite été emportée par les torrents ce lundi.

"Par exemple, dans le 6e arrondissement, je peux vous dire qu'il n' y a eu aucune collecte depuis la fin de la grève. Nous ne comprenons pas comment nous avons pu arriver à cette situation, c'est inacceptable", s'agace l'adjointe au maire.

Elle regrette aussi le manque d'anticipation de la Métropole face aux conditions météorologiques qui ont entraîné cette pollution sur les plages. "Les annonces d'intempérie, elles étaient connues de tous et de toutes, pourquoi avoir attendu aussi longtemps?", s'interroge Christine Juste.

"C'est insupportable"

Malgré les engins et les équipes de nettoyage présents depuis lundi soir pour ramasser les ordures, de nombreux détritus s'amoncellent encore sur les plages ce mardi matin.

"Il y a aussi tout ce que l'on ne voit pas et qui est parti dans la mer, et ça c'est insupportable" s'alarme Christine Juste.

La municipalité assure être démunie pour pouvoit lutter contre la pollution sur les plages. Christine Juste rappelle que c'est la métropole qui dispose des équipements pour réaliser la collecte des déchets.

"Nous n'avons aucun moyen, à part prendre mon balais et ma pelle, nous n'avons pas d'engins", assure l'adjointe au maire.

"Un phénomène exceptionnel" pour la Métropole

Face aux critiques adressées à l'encontre de la Métropole, la présidente (LR) de la collectivité Martine Vassal a tenté de défendre son action. Venue soutenir les personnels de nettoyage sur une plage polluée, elle a assuré au micro de BFMTV "qu'il s'agissait d'un phénomène exceptionnel que l'on n'avait pas eu depuis vingt ans".

Elle assure également que les services de la collectivité sont à pied d'œuvre depuis vendredi dernier afin de collecter le plus vite possible les déchets restants dans la ville. Elle a toutefois admis que tout n'avait pas encore pu être ramassé.

"Il faut le temps de dégager 5000 tonnes de déchets, on les dégage pas avec un coup de baguette magique", souligne Martine Vassal.

La présidente de la Métropole assure par ailleurs que la collectivité a travaillé à la mise en place de bassins de rétention afin de limiter les dégâts dans la ville.

"Hier le quartier qui a été touché l'a été, mais aurait pu être beaucoup plus touché si la Métropole n'avait pas anticipé sur des bassins de rétention", se défend Martine Vassal.

600 personnes mobilisées

Désormais, pour lutter contre la pollution des plages, la Métropole a mobilisé 600 personne pour collecter ces détritus selon l'adjointe au maire Christine Juste. Un nombre toutefois insuffisant selon elle, pour mettre fin à la présence des déchets.

"Pour la deuxième ville de France, deux fois plus étendue que Paris, ce n'est pas à la hauteur de la situation", critique-t-elle.

Un conseil de territoires pour Marseille est prévu ce mardi matin pour évoquer notamment le problème des déchets. "Il y aura un dialogue très enflammé au sujet de cette situation", prévient Christine Juste. Le maire (PS) de Marseille Benoît Payan plaide lui pour récupérer la compétence de la collecte des déchets. "Il faut mettre de l'ordre dans les compétences. Marseille doit retrouver sa souveraineté", a-t-il affirmé sur Franceinfo.

A ce sujet, la présidente de la métropole Martine Vassal ne s'est pas privée pour répondre : "Le maire de Marseille, il fait son peuchère aujourd'hui, mais en vérité ça fait des mois qu'il sait que je lui donnerai les compétences de proximité qu'il souhaite. Surtout, je les donnerai aux maires de secteurs".