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Marseille: pourquoi la grève des éboueurs reprend-elle à nouveau?

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Moins d'un mois après la conclusion d'un accord mettant fin au précédent mouvement, la grève des agents de collecte a repris à Marseille à l'appel de Force Ouvrière. Selon le syndicat, la Métropole ne respecte pas ses engagements.

La grève des éboueurs est repartie à Marseille. Voté, en assemblée générale, l'arrêt du ramassage des déchets a commencé dès ce mardi soir dans une partie de la ville. Un préavis de grève avait été déposé ce lundi, par Force Ouvrière (F0), syndicat majoritaire dans la profession.

Cette nouvelle contestation est la troisième grève des agents de collecte de Marseille depuis le mois de septembre. Le précédent mouvement, débuté début décembre, avait pris fin le 20 décembre, après l'annonce de la conclusion d'un compromis entre la Métropole et FO. Un premier accord avait été trouvé avec les autres syndicats le 14 décembre.

"On a affaire à des menteurs"

Aujourd'hui, Force Ouvrière affirme que la Métropole ne respecte pas tous les engagements qui avaient été promis par la Métropole pour mettre fin à la précédente grève.

"Ce sont des revendications qui ont abouti, qui ont été accordées et qui devaient être listées avant Noël. Et à la rentrée, on nous a dit: 'non, vous n'avez rien compris'. On a affaire à des menteurs", s'insurge Patrick Rué, secrétaire général FO des agents territoriaux au micro de BFM Marseille.

Deux éléments principaux, suscitent à nouveau la colère des éboueurs marseillais. Le premier concerne la sécurité des agents de collecte durant cette période de pandémie. Force Ouvrière avait demandé un aménagement des horaires pour permettre aux agents de ne pas se changer dans les dépôts afin de limiter les contacts et la contamination au Covid-19.

"Les agents qui sont sur le terrain en première ligne, méritent d'être protégés (...) Aujourd'hui, quand sont publiés les chiffres sur le Covid, on voit qu'il y a des clusters régulièrement dans des secteurs et il semble qu'on s'en fout", dénonce Patrick Rué.

Le deuxième point de tension se porte sur la "prime de dimanche", qui devait être accordée aux éboueurs marseillais travaillant le dernier jour de la semaine et la nuit. Selon Patrick Rué, cette prime a été acceptée lors de l'accord du 20 décembre. Le syndicaliste dénonce le changement de comportement de la part de la Métropole dans les semaines qui ont suivi la fin de la grève.

"Elle a été accordée le 20 décembre, et le 4 janvier, on nous dit que finalement ce n'est techniquement pas possible. Ensuite, on nous a dit qu'on n'a pas l'argent. Pourquoi pas, mais si on a pas l'argent, on ne l'avait déjà pas le 20 décembre, ça veut dire qu'on nous a menti", souligne le syndicaliste.

Menace de réquisition d'agents

Le secrétaire général de Force Ouvrière rappelle par ailleurs, que cette nouvelle grève ne porte pas sur la renégociation du temps de travail des éboueurs, objet de contestation lors des précédents mouvements. " Ça a été négocié, ça a été discuté, on n'est pas enchanté, mais on revient pas dessus", affirme-t-il.

Désormais, de nombreux endroits de Marseille sont concernés par le mouvement de grève. Selon Force Ouvrière, les secteurs des 4e, 5e, 6e, 8e, 11e et 12e arrondissements de la ville ont notamment arrêté le ramassage des déchets.

Du côté de la Métropole, Yves Moraine, médiateur lors de la précédente contestation, ne souhaite pas voir s'entasser de nouveaux déchets dans les rues, alors même que certaines ordures accumulées lors du mouvement de décembre dernier, n'avaient pas encore été totalement ramassées en début de semaine.

Celui qui est aussi vice-président de la Métropole affirme que "la réquisition des agents sera demandée sans délai à la préfecture", comme le rapporte 20 Minutes. Cette mesure avait déjà été prise lors du dernier mouvement pour endiguer l'accumulation des poubelles dans la cité phocéenne.

Yves Moraine se retrouve désormais attaqué par le secrétaire général de Force Ouvrière, estimant qu'il n'est pas un médiateur mais un "agitateur" qui ne "cherche pas le consensus". Patrick Rué souhaite qu'une autre personne soit chargée des négociations avec le syndicat pour cette nouvelle contestation.

Les Marseillais exaspérés

En attendant d'éventuelles négociations entre les deux parties, les déchets risquent de recommencer à s'accumuler dans les rues de Marseille cette semaine. Lors de la précédente contestation qui avait duré plusieurs semaines, 2500 tonnes de déchets ont jonché les trottoirs de la cité phocéenne.

Alors qu'une situation similaire semble se profiler, Philippe Yzombard, président de la confédération des Comités d'intérêts de quartier de Provence, soutient que les Marseillais sont "exaspérés" par cette reprise de la grève.

"Ils ne sont pas prêts du tout du tout à accepter cette troisième grève, c'est la goutte qui fait déborder le vase", alerte-t-il.

Pour le moment, la grève des éboueurs est circonscrite à Marseille et ne s'étend pas aux autres villes de la métropole, comme cela avait été le cas en décembre dernier. Les agents de Miramas, Martigues et Fos-sur-Mer avaient alors, notamment fait grève.

Gauthier Hartmann