Municipales à Lyon: l'Insoumis Laurent Bosetti appelle son parti à préserver l'union de la gauche

Crispées, glaciales, voire totalement rompues. À l'échelle nationale, les relations entre La France insoumise (LFI) et le Parti socialiste ne cessent de se détériorer. À environ un an des prochaines élections municipales et métropolitaines, ces frictions risquent de déteindre localement. C'est en tout cas ce que craint Laurent Bosetti, quatrième adjoint de l'écologiste Grégory Doucet à la mairie de Lyon.
Invité de BFM Lyon ce jeudi 27 février, l'élu insoumis a justifié son positionnement en faveur d'une préservation du Nouveau Front populaire (NFP) dans la perspective des prochaines échéances électorales.
"Il faut pouvoir exprimer au sein de notre mouvement une opinion qui est libre", fait-il valoir. "Cette constance, de la part d'un camarade, c'est aussi de pouvoir apporter une contradiction et de dire quand on n'est pas d'accord."
"Il n'est pas heureux d'ostraciser le Parti socialiste"
Laurent Bosetti le sait, il n'"incarne pas la ligne majoritaire" au sein de La France insoumise, mais plutôt "une voix alternative" à celle de Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de LFI.
"Je suis d'accord sur le programme. Je suis d'accord sur la déception et la colère par rapport au Parti socialiste qui n'a pas voté la motion de censure par rapport au budget du gouvernement Bayrou. Pour autant, je pense qu'il n'est pas heureux d'ostraciser le Parti socialiste et de dire qu'il ne fait plus partie du Nouveau Front populaire", défend l'élu insoumis.
Laurent Bosetti, juge "dangereux" de mettre à l'écart le parti à la rose, étant donné l'imminence des élections municipales et métropolitaines. L'adjoint à la mairie de Lyon en charge des services publics, du handicap et de la politique funéraire affirme même que l'absence d'union "fait le jeu (...) de François Hollande, de la droite du PS, des socio-libéraux, qui veulent se détacher du Nouveau front populaire".
Une unité qui a fait ses preuves
Pour appuyer son propos, Laurent Bosetti rappelle que ce qui rassemble les insoumis et les socialistes "est beaucoup plus important" que ce qui les divise. Et que l'unité a fait ses preuves ces dernières années dans l'agglomération lyonnaise.
"À Lyon, à Villeurbanne, à la métropole de Lyon, on a des exécutifs Nouveau front populaire qui ont fait un bon travail, qui me semble-t-il ont changé de paradigme par rapport au mandat Colomb et qu'il nous fait entretenir cela", pointe Laurent Bosetti.
Les députés Anaïs Belouassa-Cherifi, Gabriel Amard ou encore Sandrine Runel: "Tous ces camarades-là ne seraient pas élus sans l'unité de la gauche. Il faut qu'on se le dise", plaide-t-il encore, assurant que la main tendue ne doit pas se limiter à celle proposée par Manuel Bompard aux écologistes.
Cet appel à l'union n'est pas seulement dirigé à ses collègues insoumis, il est aussi adressé aux socialistes. Laurent Bosetti les appelle à ne pas faire cavalier seul, notamment à Lyon.
Quel poids pour chaque parti dans l'union?
L'accord prôné par l'élu municipal doit cependant mieux respecter "le poids de nos forces politiques". "La France insoumise est sans doute aujourd'hui sous-représentée dans nos exécutifs locaux", soutient-il. Le conseiller du 7e arrondissement de Lyon estime ainsi que le nombre d'élus LFI du bassin "n'est pas du tout proportionnel à nos scores aux derniers scrutins".
"On devrait, pourquoi pas, avoir des mairies d'arrondissement", imagine encore Laurent Bosetti. Et d'ajouter: "je pense que le maire de Lyon est capable de l'entendre".
Mais ce constat ne s'applique pas qu'à la troisième ville de France. "La France insoumise doit être mieux représentée, a fortiori à l'est de l'agglomération lyonnaise", argue l'intéressé, évoquant Vaulx-en-Velin mais aussi Villeurbanne. "Je pense qu'il faut que nous allions conquérir ces municipalités de manière unie". Quant à Bron, ville populaire aux mains de la droite, elle "doit revenir dans un giron de gauche".
La stratégie du parti pas encore entérinée
Les appels à l'unité de Laurent Bosetti ne sont pas passés inaperçus au sein de son camp. Auprès des députés insoumis du Rhône, ils n'ont vraisemblablement pas convaincu.
"Les propos de Laurent Bosetti n’engagent que lui. Merci de respecter les insoumis lyonnais qui construisent ensemble leur stratégie municipale. En politique, les aventures solitaires se terminent dans la solitude. Nous croyons pour notre part en la force de notre collectif", tacle Anaïs Belouassa-Cherifi, députée de la 1ere circonscription du département.
Quant à Gabriel Amard, député de la 6e circonscription du Rhône, il écrit: "Oui, oui, Monsieur Bosetti, il n’y a pas plus unitaires que nous. Nous continuerons à rassembler sur les bases du programme du NFP. Pas question de se rassembler sur la base de la capitulation du PS, qui refuse de censurer le gouvernement le plus austéritaire de la 5e République. Le Nouveau Front Populaire et son programme restent notre boussole. Rassemblons-nous sur des bases claires".
La stratégie adoptée par La France insoumise en vue des prochaines élections sera débattue en interne. La réponse sera connue "dans les mois qui viennent", indique Laurent Bosetti. De son côté, à Lyon, Grégory Doucet a déjà appelé à une liste unique à gauche pour les municipales.