Serge Lazarevic: les contreparties à sa libération

Le président François Hollande a annoncé la libération de Serge Lazarevic mardi 9 décembre. - Serge Lazarevic lors de son arrivés à Villacoublay, le 10 décembre.
"Forcément, la France a payé une rançon". Le député UMP Alain Marsaud est persuadé que la libération de Serge Lazarevic, qui se trouverait désormais à Niamey au Niger, n'a été possible qu'en contrepartie du versement d’une somme d’argent ou de la libération de combattants d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi). "On a obtenu la libération (de Serge Lazarevic, ndlr) par la libération de détenus dans des prisons maliennes ou nigériennes", a estimé sur BFMTV le député des Français de l’étranger et membre de la commission des Affaires étrangères.
"Je préfère que ce soit ce type d'échange, plutôt que des rançons qui nourrissent les réseaux terroristes", a renchéri sur BFMTV François Loncle, député PS et membre de cette même commission.
Deux combattants d'Aqmi libérés?
Depuis plusieurs jours, le site internet sahelien.com évoquait un échange imminent de Serge Lazarevic contre deux islamistes du groupe Aqmi, Mohamed Ali Ag Wassouden et Heiba Ag Acherif, citant un élu du Nord-Mali, la région où évolue Aqmi. D'autres sources font également état d'une demande de rançon de vingt millions d'euros, selon le site.
"La famille de ces deux prisonniers a raconté à un journaliste malien que les deux hommes avaient été transférés au Niger pour un échange", a expliqué sur BFMTV la journaliste Laëtitia Kretz, ancienne correspondante au Mali. Les deux combattants d’Aqmi étaient détenus à la prison centrale de Bamako, au Mali, mais du fait de leur puissance, notamment dans le nord du pays, ils étaient assez libres et disposaient même d’un ordinateur pour assurer les communications.
"Il semblerait également que ces deux hommes aient eu un rôle dans l’enlèvement même de Serge Lazarevic. C’est l’échange de l’otage contre les ravisseurs," explique pour sa part un journaliste de France 24.
"Les Français sont une cible par l'investissement du gouvernement dans les négociations"
"Le gouvernement français ne négocie jamais directement avec les preneurs d’otages, nous passons par des intermédiaires car tout n’est pas bon pour libérer des otages", a jugé l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, sur BFMTV. "Les Français sont une cible. L’otage français est une manne financière importante car le gouvernement s’investit dans les négociations", explique de son côté l’ancien agent de la DGSE Pierre Martinet. "La France nie mais sans le paiement de rançons, nos otages seraient exécutés", comme l'ont été récemment des otages britanniques et américains par Daesh en Syrie.
Officiellement, rien n’a été confirmé dans la mise en œuvre de cet échange, qui s’est réalisé non loin de Kidal, dans le nord du Mali. Mais en octobre 2013 déjà, lors de la libération de Thierry Dol (qui avait partagé un mois de détention avec Serge Lazarevic), Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret, retenus au Mali, l'hypothèse d'une rançon d'une vingtaine de millions d'euros "prélevée sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement", avait été évoquée.
Dans ce genre de situation, la France a pour habitude de se taire et seul Serge Lazarevic ou ses proches pourraient donner des détails sur les circonstances de la libération du dernier otage français.