Pour Trump, "aucun homme politique n'a été traité plus injustement" que lui

Les experts critiquent le "désintérêt" de Trump pour la lutte contre le VIH. - Mandel Ngan - AFP
L'étau se resserrait ce mercredi autour de Donald Trump, accusé de tentative d'entrave à la justice et d'avoir livré des secrets à la Russie en trahissant l'allié israélien. Ses alliés républicains le soutiennent encore, mais prennent les affaires très au sérieux. "Aucun homme politique dans l'histoire, et je dis cela avec beaucoup d'assurance, n'a été traité plus injustement", s'est plaint le 45e président des Etats-Unis lors d'un discours devant l'Ecole des gardes-côtes. Aux élèves, il a prodigué ce conseil, inspiré par sa propre aventure politique: "Ne laissez jamais, jamais tomber".
Ces phrases étaient la seule allusion du chef d'Etat, mercredi, à l'atmosphère de crise qui s'est répandue sur la capitale fédérale américaine depuis une semaine. Le milliardaire a d'abord limogé James Comey de la direction du FBI, prétextant sa gestion de l'affaire des emails d'Hillary Clinton avant d'admettre qu'il avait depuis longtemps décidé de s'en débarrasser.
Des notes très recherchées
Le locataire de la Maison Blanche est exaspéré par la persistance de l'enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de son équipe de campagne et la Russie. Puis on a découvert, dans le New York Times, qu'il aurait demandé, en février, à James Comey de classer l'enquête sur Michael Flynn, son éphémère conseiller à la sécurité nationale soupçonné de jeux troubles avec les Russes. James Comey aurait consigné cette tentative d'étouffer une enquête dans des notes, qui ont commencé à fuiter dans la presse. Le Congrès n'a pas attendu et demandé mercredi au grand policier de venir témoigner lors d'une audition publique, réclamant aussi la production de ces notes, devenues en quelques heures les documents les plus recherchés des Etats-Unis.
A cela s'ajoute une affaire distincte, qui reflète selon les détracteurs du président son incapacité à exercer la fonction suprême. Il a donné au chef de la diplomatie russe et à l'ambassadeur de Moscou, dans le Bureau ovale le 11 mai, des informations secrètes sur un projet d'opération du groupe Etat islamique. La Maison Blanche ne conteste pas le fond de ces révélations mais insiste sur le fait que le partage d'informations est une prérogative absolue du président.
Le Congrès exaspéré par "les psychodrames"
Au Congrès américain, le sentiment oscillait entre lassitude, exaspération et stupéfaction. Le puissant Mitch McConnell, gardien de la feuille de route républicaine au Sénat, a regretté les "psychodrames" à répétitions, une rare admonestation. Pour l'instant, les républicains refusent de se joindre aux appels de l'opposition démocrate à la nomination d'un procureur spécial pour reprendre l'enquête sur la Russie. Mais la plupart des élus savent que le témoignage de James Comey sera déterminant pour l'avenir de la présidence Trump. "Nous avons besoin des faits", a déclaré le président de la Chambre, Paul Ryan, appelant à garder la tête froide. Fait-il toujours confiance au président? "Oui", a-t-il dit.
Des fissures commençaient à apparaître dans la digue républicaine. Une poignée de républicains sont désormais favorables, avec des démocrates, à la création d'une commission d'enquête indépendante sur tous les aspects de l'affaire russe. L'un d'eux est le sénateur John McCain, qui a comparé la situation, par son ampleur, au scandale du Watergate qui fit tomber Richard Nixon en 1974.