Philippines: Maria Ressa, co-lauréate du Nobel de la paix en 2021, acquittée d'évasion fiscale

La journaliste Maria Ressa, le 18 janvier 2023 - JAM STA ROSA / AFP
La lauréate philippine du Nobel de la paix Maria Ressa et son site d'information en ligne Rappler ont été acquittés mercredi d'évasion fiscale, la journaliste se félicitant aussitôt que "la vérité l'emporte".
Maria Ressa, co-lauréate du prestigieux Nobel de la paix en 2021 avec le journaliste russe Dmitry Muratov, fait face à trois autres affaires pénales, dont une condamnation pour cybercriminalité, actuellement en appel, pour laquelle elle encourt près de sept ans de prison.
"Aujourd'hui, les faits l'emportent. La vérité l'emporte", a déclaré Maria Ressa, sur un ton de défi à la presse, après la décision rendue par la cour d'appel de Manille.
L'ancienne journaliste de CNN et le site Rappler, qu'elle a co-fondé, étaient accusés d'avoir fourni des informations erronées dans une déclaration d'impôts à l'issue d'une vente d'obligations à des investisseurs étrangers en 2015.
"De l'espoir"
"Ces accusations étaient politiquement motivées", a affirmé Maria Ressa mercredi. "Nous avons pu prouver que Rappler n'est pas un fraudeur fiscal".
La journaliste se bat depuis des années pour éviter la prison. Les poursuites dont elle fait l'objet, sont emblématiques du harcèlement de la presse indépendante dans le pays selon les organisations de défense des droits humains.
Interrogée mercredi sur la signification de la décision rendue par la cour d'appel, Maria Ressa a répondu: "De l'espoir. C'est ce qu'elle procure".
Malgré ce jugement, l'avenir de Rappler, qui a vu le jour il y a une dizaine d'années, demeure incertain. Il livre toujours une bataille judiciaire contre une ordonnance de la Commission philippine des valeurs mobilières et des changes.
L'organe de presse, qui continue d'opérer, est accusé d'avoir permis à des étrangers de prendre le contrôle de son site web en émettant des "certificats de dépôt" via sa société-mère Rappler Holdings. Or, selon la Constitution, les investissements dans les médias sont réservés aux Philippins ou aux entités contrôlées par des Philippins.