Naufrage de migrants en Méditerranée: une ONG diffuse la photo d'un bébé noyé

Pour sensibiliser le grand public au sort des migrants en Méditerranée, l'ONG allemande Sea-Watch vient de diffuser le cliché terrible d'un bébé mort noyé dans le naufrage du 27 mai, qui aurait fait 700 morts la semaine dernière.

L'image est insoutenable. Un secouriste de l'ONG allemande Sea Watch tient dans ses bras un bébé âgé peut-être d'un an, qui a presque l'air de dormir paisiblement. Mais le visage du nourrisson est figé et ses lèvres sont bleues. Le nourrisson est l'une des 700 victimes probables du dernier naufrage d'une embarcation de fortune, partie de Lybie, en pleine Méditerranée le 27 mai dernier.

"J'ai pris l’avant-bras du bébé et j’ai immédiatement tiré le petit corps vers moi pour le protéger, comme s’il était encore vivant", confie à Reuters le secouriste allemand qui a sorti l'enfant des eaux. "Ses bras étaient étirés vers le haut, avec ses petits doigts, le soleil éclairait ses yeux lumineux et chaleureux, mais sans vie. J’ai commencé à chanter une chanson pour me réconforter et essayer de donner le moindre sens à ce moment déchirant et incompréhensible. Il y a six heures, cet enfant était vivant", ajoute ce père de trois enfants.

"Nous devons mettre fin à cette situation"

Le 27 mai, Sea-Watch a récupéré 25 corps, dont celui du bébé photographié. La décision de rendre public le cliché a été prise à l'unanimité par les membres de l'ONG, qui sillonnent la mer depuis six jours à la recherche de survivants et de corps, aux côtés des garde-côtes italiens.

"Publier une telle photo est toujours une décision difficile à prendre. Dans ce cas précis, nous avons décidé de la rendre publique en raison de la gravité de la situation. Nous avons pensé que ce document devait être publié car il montre les effets de la politique de l'Europe", a expliqué Ruben Neugebauer, porte-parole de Sea-Watch.

2.510 morts en Méditerranée depuis janvier

C'est le quotidien italien La Stampa qui a choisi de publier cette photo terrible, qui rappelle celle d'Aylan Kurdi, un petit Syrien retrouvé mort sur une plage turque. Une image qui était devenu le symbole du sort des réfugiés et de l'inertie de l'Union européenne.

Depuis janvier 2016, 2.510 personnes ont péri en Méditerranée, selon le dernier décompte de l'ONU. Un chiffre qui a explosé ces derniers mois avec la fin de l'hiver et la fermeture par l'Union européenne de la route des Balkans et l'accord controversé sur le renvoi vers la Turquie des nouveaux arrivants en Grèce.

"Depuis la photo du petit Aylan retrouvé échoué sur une plage turque, on voit bien que rien n'a été fait réellement pour permettre aux réfugiés et aux migrants qui essaient de traverser la Méditerranée pour leur donner des routes d'accès sécurisés", déplore Geneviève Garrigos présidente d'Amnesty international France.

C. P.