"Maison de l'horreur" en Californie: ce qu'a dit la fille du couple Turpin lors de son appel à la police

Lors d'une audience préliminaire tenue ce mercredi au sein d'un tribunal de Californie, l'enregistrement de l'appel à la police de l'une des filles du couple Turpin, par lequel cette dernière dénonçait les sévices infligés par ses parents à leurs propres enfants dans leur maison de Perris, a été diffusé

C'était en janvier dernier. Une jeune fille de 17 ans très amaigrie s'échappait par la fenêtre d'une maison de Perris dans le sud-est de Los Angeles, en Californie. Avec un portable subtilisé dans le domicile qu'elle venait de quitter, elle composait le 911, le numéro d'urgence de la police américaine.

Ce coup de fil où elle dénonçait les sévices que ses propres parents, David et Louise Turpin infligeaient à l'ensemble de leurs treize enfants, âgés de 2 à 29 ans, les privant de nourriture, les enchaînant à leurs lits, les obligeant à vivre à l'écart du monde dans des conditions abjectes, a décidé de l'intervention des forces de l'ordre dans ce que l'on a appelé depuis la "maison de l'horreur". Les parents ont alors été interpellés, la fratrie libérée. C'est l'enregistrement de cet appel qui a été diffusé, en présence des tortionnaires présumés, ce mercredi dans un tribunal californien, lors d'une audience préliminaire visant à savoir si les époux étaient accessibles à un procès. David et Louise Turpin sont poursuivis notamment pour tortures et maltraitances infantiles. Ils plaident tous deux non coupable. Leur caution a été fixée à 12 millions de dollars chacun. 

"Je me réveille et je ne peux pas respirer" 

Tandis que la mère de famille accusée s'essuyait de temps à autre les yeux avec un mouchoir, la voix, décrite comme "haut perchée" dans cet article paru sur Sky News, de l'adolescente s'élevait dans la cour de justice. Au téléphone, la jeune fille avait d'abord raconté aux policiers que, à l'heure où elle parlait, deux de ses sœurs et un de ses frères, tous trois plus jeunes qu'elle, étaient enchaînés à leurs lit, et qu'elle ne pouvait en supporter davantage. "Ils se réveillent la nuit, pleurent, et ils veulent que j'appelle quelqu'un", a-t-elle dit à la police. "Je voulais vous appeler pour que vous puissiez les aider". Elle évoquait ensuite la pestilence qui régnait dans cette maison: "Parfois, je me réveille et je ne peux pas respirer tellement la maison est sale". Elle-même confessait au moment de cette conversation ne pas s'être lavée depuis un an.

Quand les policiers ont pénétré dans ce logement effroyable, les Turpin ont eu à peine le temps de libérer deux de leurs filles des chaînes qui les retenaient contre leur lit. Un jeune homme de 22 ans était lui toujours attaché lorsque les agents sont arrivés à lui. Celui-ci a d'ailleurs confié qu'il avait été régulièrement lié durant les six années qui avaient précédé. Tous étaient insuffisamment nourris, l'aîné ne pesant même que 37 kilos. Alors que le père avait déclaré aux autorités qu'ils instruisaient ses enfants à domicile, ce sont surtout l'isolement et les carences éducatives de la fratrie qui sont apparus à leur libération. Une des filles, âgée de 12 ans, s'était révélée incapable de réciter l'alphabet. 

Robin Verner