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Législatives britanniques: l'indépendance au centre des débats en Ecosse

Le première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, s'apprête à monter dans un hélicoptère au nord-est de Glasgow, le 5 juin 2017

Le première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, s'apprête à monter dans un hélicoptère au nord-est de Glasgow, le 5 juin 2017 - Andy Buchanan, AFP

À la veille des législatives au Royaume-Uni, les regards sont tournés vers l'Écosse, où le parti national écossais, favorable à l'indépendance pour réintégrer l'Union européenne, pourrait remporter une majorité des 59 sièges qui lui sont alloués.

Le parti national écossais SNP pourrait laisser quelques plumes dans les législatives britanniques jeudi en Ecosse mais devrait continuer à faire la loi dans une région où la question de l'indépendance reste au centre du débat politique.

Certes, il sera difficile aux indépendantistes de faire aussi bien que lors du précédent scrutin de 2015 où ils avaient presque réussi un grand chelem, en raflant 56 des 59 sièges alloués à l'Ecosse au Parlement national de Westminster.

L'indépendance, un des principaux enjeux

Mais la plupart des sondages leur prédisent une nouvelle nette victoire jeudi, autour des 50 sièges, ce qui resterait un triomphe pour ce parti de centre-gauche qui n'en comptait que six en 2010.

Alors que sur le plan national, ces législatives anticipées sur fond de Brexit et de menace terroriste se résument à une bataille entre les conservateurs de la Première ministre Theresa May et les travaillistes, l'Ecosse est animée par d'autres enjeux qui tournent essentiellement autour de l'indépendance.

La patronne des conservateurs écossais, Ruth Davidson (G), et la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon (D) lors d'un débat télévisé à Glasgow, le 6 juin 2017
La patronne des conservateurs écossais, Ruth Davidson (G), et la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon (D) lors d'un débat télévisé à Glasgow, le 6 juin 2017 © ANDY BUCHANAN, AFP

Devenir indépendant pour intégrer l'Union européenne

La défaite "honorable" des indépendantistes en septembre 2014 lors d'un premier référendum d'autodétermination, où 55% des Ecossais avaient préféré rester dans le Royaume-Uni, n'a rien enlevé de leur vigueur. Bien au contraire, le SNP a depuis renforcé son assise au Parlement national mais aussi à l'assemblée régionale d'Edimbourg, et reste de très loin le parti le plus populaire en Ecosse.

Forte de cette domination, la Première ministre Nicola Sturgeon n'a pas mis longtemps pour réclamer la tenue d'un nouveau référendum après le vote pour le Brexit, rappelant que 62% des Ecossais l'avaient rejeté.

"Theresa May veut non seulement sortir le Royaume-Uni de l'UE mais milite pour un Brexit extrême qui nous fera également sortir du marché unique. L'Ecosse doit pouvoir choisir son avenir, entre suivre le Royaume-Uni dans ce Brexit ou devenir un pays indépendant", explique la Première ministre et cheffe du SNP à l'AFP.

Une contradiction pour l'opposition

Sortir du Royaume-Uni pour rester dans l'UE, les adversaires politiques de Nicola Sturgeon y voient une regrettable contradiction. "Ce serait franchement une très mauvaise chose pour l'Ecosse car cela ferait éclater le marché intérieur du Royaume-Uni qui pèse quatre fois plus en termes de commerce et cinq fois plus en termes d'emplois que l'UE pour l'Ecosse", déclare à l'AFP la patronne des conservateurs écossais, Ruth Davidson, fervente partisane du maintien de l'union.

Cette femme énergique s'est imposée ces derniers mois comme la principale force d'opposition au SNP, devant le Labour qui peine à surnager dans cette région qui fut jadis son fief historique et exclusif.

La cheffe des travaillistes écossais, Kezia Dugdale, en campagne pour les législatives à Rutherglen, dans le Lanarkshire, le 8 mai 2017
La cheffe des travaillistes écossais, Kezia Dugdale, en campagne pour les législatives à Rutherglen, dans le Lanarkshire, le 8 mai 2017 © Andy Buchanan, AFP

"Rien de progressiste"

Le message des Tories, longtemps inaudible, résonne désormais dans certaines parties de l'Ecosse, particulièrement le long de la frontière avec l'Angleterre et dans les régions rurales des Highlands.

Ruth Davidson "a fait beaucoup pour rendre la marque des conservateurs moins toxique en Ecosse", souligne Nicola McEwen, professeure de sciences politiques à l'université d'Edimbourg, rappelant qu'en 2015 encore, les Tories avaient enregistré leur plus mauvais résultat de tous les temps en Ecosse. Avec 14,9% des voix, ils avaient fini très loin derrière le SNP (50%) et les travaillistes (24,3%).

Cette fois, les conservateurs pourraient passer de un à sept sièges, selon les sondeurs, ce qui leur permettrait de "militer avec plus de force encore contre un deuxième référendum d'indépendance, alors que le Labour est plus ambigu sur la question", souligne Nicola McEwen.

La cheffe des travaillistes écossais Kezia Dugdale a déclaré l'année dernière qu'il ne serait "pas inconcevable" pour elle de voter en faveur de l'indépendance écossaise pour rester au sein de l'UE, avant de se raviser. Les conservateurs ont sauté sur l'occasion pour brandir la menace d'une "coalition du chaos" entre le Labour et le SNP.

"Nous n'avons aucun projet d'alliance progressiste avec le SNP", répond Kezia Dugdale à l'AFP, ajoutant: "ils refusent de taxer les plus riches et essayent de faire éclater le Royaume-Uni, cela n'a rien de progressiste."

G.D. avec AFP