Le pape François utilise le mot "génocide" à propos du massacre des Arméniens

Le pape François a qualifié le massacre des Arméniens de "génocide" dimanche. - Andreas Solaro - AFP
La déclaration du pape François pourrait fortement refroidir ses relations diplomatiques avec la Turquie. Dimanche, dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre de Rome, il a utilisé le terme "génocide" pour évoquer le massacre des Arméniens il y a cent ans.
La réaction de la Turquie n'a pas tardé puisqu'Ankara a annoncé dimanche quelques heures après la déclaration du souverain pontife avoir convoqué le représentant du Vatican au ministère des Affaires étrangères. "La déclaration du pape, qui est loin de la réalité légale et historique, ne peut pas être acceptée", a dit sur son compte Twitter le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, jugeant les propos du pape François "sans fondement".
La Turquie a également annoncé dimanche qu'elle rappelait pour consultations son ambassadeur au Vatican.
Un document signé par Jean-Paul II cité
Le pape François s'est exprimé à l'ouverture d'une messe à la mémoire des Arméniens massacrés entre 1915 et 1917, concélébrée avec le patriarche arménien Nerses Bedros XIX Tarmouni, avec des éléments du rite catholique arménien et en présence du président du pays, Serzh Sargsyan.
"Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme 'le premier génocide du XXe siècle' a frappé votre peuple arménien", a déclaré le pontife en citant un document signé en 2001 (bien 2001) par le pape Jean Paul II et le patriarche arménien.
"Les deux autres ont été ceux perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et plus récemment d'autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie", a-t-il ajouté.
Une première pour un pontife
Même si Jean Paul II avait utilisé le terme en 2000 dans le document commun et que Jorge Bergoglio l'avait utilisé plusieurs fois avant de devenir pape il y a deux ans et même au moins une fois en privé depuis, c'est la première fois qu'il est prononcé publiquement par un pontife.
Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués entre 1915 et 1917, à la fin de l'empire ottoman. Nombre d'historiens et plus d'une vingtaine de pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu un génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il s'agissait d'une guerre civile dans laquelle 300 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort. Il y a un an, le Premier ministre turc Erdogan avait par ailleurs présenté les condoléances de la Turquie aux descendants des "Arméniens tués en 1915".